À qui appartient la Belgique? Belfius, la dernière grande banque 100 % noir-jaune-rouge
La crise des subprimes et la crise européenne de la dette ont profondément marqué le paysage financier belge. Aujourd’hui, 10 ans après, les blessures sont cicatrisées. Fortis revit désormais dans les bras de BNP Paribas, le groupe d’assurance Ageas se porte bien, de même que son concurrent Ethias, tandis que Belfius et KBC ont retrouvé depuis des années le chemin de la croissance.
Banque publique
Dans ce paysage financier national qui a retrouvé de belles couleurs, il ne reste cependant qu’une seule grande banque véritablement belge : Belfius. Sur les quatre grandes institutions bancaires qui dominent le marché, deux sont en effet aux mains de l’étranger : ING et BNP Paribas Fortis. Troisième poids lourd du secteur, KBC dispose certes d’un ancrage belge mais les diverses familles flamandes ne contrôlent plus qu’un gros tiers de l’actionnariat du groupe coté en Bourse. Si bien, donc, que l’ancienne Dexia Banque Belgique sauvée de la faillite par l’Etat fédéral à l’automne 2011 – et toujours aujourd’hui contrôlée à 100 % par la Belgique – est en fait la seule et unique grande banque vraiment belge, loin devant Argenta.
L’honneur est donc sauf. Surtout que cet ADN de banque à la fois 100 % belge et 100 % publique réussit plutôt bien à Belfius, devenue aujourd’hui une entreprise rentable, orientée vers le numérique et promise à une entrée en Bourse partielle. Gagnant des parts de marché tout en maîtrisant bien ses dépenses, l’enseigne dirigée par Marc Raisière a en effet dégagé l’an dernier un bénéfice de 649 millions d’euros, soit un résultat positif et en croissance pour la septième année consécutive depuis sa reprise par l’État en 2011. Avec à la clé, de beaux dividendes pour les caisses publiques (363 millions en 2018).
Moteur de l’économie belge
Pour Bruno Colmant, professeur à l’UCLouvain et à l’ULB, la success story Belfius est la preuve que l’internalisation du marché des capitaux n’est pas incompatible avec des institutions financières à l’actionnariat domestique. ” Au contraire, dit-il, celles-ci créent un écosystème qui permet l’irrigation du capital local grâce à une implantation proche du tissu industriel et commercial des PME. Les grandes banques internationales jugent les crédits belges en fonction d’éléments statistiques de diversification tandis que les institutions purement belges assument le risque belge. Compte tenu de l’immensité de l’épargne belge dans les banques de détail, son réinvestissement local est presque une obligation civique. ” Un réinvestissement local de l’épargne des Belges qui s’est traduit chez Belfius ces cinq dernières années par 72 milliards de crédits accordés à l’économie belge (écoles, hôpitaux, PME, grandes entreprises, etc.). Et un retour direct dans l’économie du pays que Belfius n’hésite d’ailleurs pas à mettre régulièrement en avant dans sa communication, se présentant comme ” un bancassureur 100 % belge au service de l’économie belge “, voire comme étant ” la seule institution financière belge qui réinjecte la quasi-totalité de ses dépôts clients dans la société et l’économie belge “. Manière de dire que, grâce à Belfius, tous nos livrets d’épargne ne financent pas les économies voisines.
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