En se réjouissant d’un “test réussi” du drone sous-marin nucléaire Poséidon, Dmitry Medvedev s’en est pris à Theo Francken, notre ministre de la Défense. “Il semble qu’il faudrait plus de tests… si on essayait la Belgique”, a répondu un internaute. “Alors la Belgique disparaitrait”, a ajouté l’ancien président.
“Imbécile”. L’ancien président (2008-2012) et Premier ministre russe (2012-2020) Dmitry Medvedev s’est donc félicité sur X pour la nouvelle arme russe, Poséidon, en s’adressant à “tous les amis de la Russie” et “spécialement à cet imbécile ministre de la Défense belge”. “Contrairement au Burevestnik, Poséidon peut être considéré comme une véritable arme de destruction massive”, a-t-il ajouté.
“Il semble qu’il faudrait d’autres tests… utilisant la Belgique comme zone de test”, a suggéré un internaute. Ce à quoi Medvedev a répondu : “Alors la Belgique disparaitra.” Theo Francken a répondu par une locution latine : “Candida pax homines, trux decet ira feras. La douce paix est l’apanage de l’homme, la colère farouche celle des bêtes féroces.” Une citation du poète Ovide qui provient de “L’Art d’aimer”.
Mais pourquoi l’ancien président russe s’en prend ainsi à Theo Francken. L’origine du conflit semble être cette interview que notre ministre de la Défense a accordé à De Morgen, dans laquelle il évoque les conséquences d’un tir sur le siège de l’OTAN, situé dans le nord de Bruxelles. Le nationaliste flamand répond : “Moscou serait rayée de la carte.”
Qu’est-ce que Poséidon ?
Le Poseidon est considérée par Moscou comme l’arme apocalyptique par excellence : une gigantesque torpille nucléaire, propulsée par un réacteur miniature, capable de parcourir des milliers de kilomètres sous la mer à très grande profondeur avant de frapper une cible côtière, annonce le Kremlin. Conçue pour contourner tous les systèmes de défense antimissile, cette arme — dont la Russie a revendiqué de récents tests réussis — emporterait une charge nucléaire de plusieurs mégatonnes, théoriquement suffisante pour provoquer un « tsunami radioactif » et raser des ports ou des villes entières.
Moscou présente le Poseidon comme un pilier de sa dissuasion stratégique, une réponse aux boucliers antimissiles occidentaux. Mais pour de nombreux experts, cette arme relève autant de la démonstration de puissance que de la capacité militaire réelle : les défis technologiques, les risques environnementaux et le coût colossal d’un tel système en limitent la portée opérationnelle.
Le Burevestnik — ou 9M730 « Skyfall » selon la terminologie de l’OTAN — prolonge cette logique de dépassement des contraintes physiques classiques. Il s’agit d’un missile de croisière à propulsion nucléaire, théoriquement capable de voler sur des milliers de kilomètres à très basse altitude en contournant les radars et les défenses. Sa source d’énergie, un réacteur embarqué, lui offrirait une autonomie quasi illimitée, lui permettant d’attaquer depuis des directions imprévisibles.
La Russie en a annoncé un nouveau test en octobre 2025, affirmant un vol de 14 000 km en quinze heures. Là encore, les déclarations officielles demeurent invérifiables, et le projet suscite autant de fascination que d’inquiétude. Les ingénieurs occidentaux doutent de la fiabilité et de la sûreté d’un engin porteur d’un réacteur nucléaire actif, que certains médias ont déjà surnommé le « Tchernobyl volant ».
Quel poids a encore Medvedev ?
Dmitri Medvedev conserve une place importante mais secondaire dans l’appareil du pouvoir russe. Ancien président et Premier ministre, il occupe aujourd’hui la fonction de vice-président du Conseil de sécurité, ce qui le maintient dans l’entourage immédiat de Vladimir Poutine.
Sa voix reste utile au Kremlin : il s’est mué en porte-parole virulent du discours anti-occidental et sécuritaire, multipliant les déclarations martiales qui confortent la ligne dure du régime. Pour autant, son rôle est davantage idéologique que décisionnel : les véritables leviers de pouvoir se trouvent entre les mains du président et de son noyau de « siloviki ». Medvedev demeure donc une figure visible, mais sans influence autonome réelle sur la conduite des affaires de l’État.