Amid Faljaoui

Accès au logement : nos politiques, des pompiers pyromanes ?

L’accès au logement est devenu un enjeu central dans nos sociétés, notamment pour les jeunes, souvent exclus du marché immobilier en raison de la flambée des prix. Entre lenteurs administratives et régulations mal adaptées, les politiques, qui se veulent protectrices, freinent parfois le dynamisme du secteur.

L’immobilier occupe une place centrale dans nos économies. Je me suis fait cette réflexion hier en assistant à un débat sur l’immobilier organisé par le Cercle de Wallonie. Ce qui m’a marqué, c’est le discours d’une bourgmestre sortante, promettant, si elle est réélue, d’accélérer l’octroi des permis de bâtir. Une déclaration plutôt rare de la part d’un responsable politique, d’autant plus que les politiques sont souvent prompts à critiquer le secteur immobilier. Ils évoquent fréquemment le manque de logements et accusent les propriétaires de faire monter les prix, empêchant les jeunes d’accéder à la propriété.

Le risque d’une société de locataires

La Belgique, traditionnellement un pays de propriétaires, pourrait bien se transformer en un pays de locataires si des mesures ne sont pas prises pour faciliter l’accès des jeunes à la propriété. L’immobilier représente donc une véritable bombe sociale. Selon certains sociologues, un citoyen endetté est moins enclin à la révolte, car il a un prêt hypothécaire à rembourser. Cette théorie, bien que cynique, laisse penser qu’une exclusion des jeunes du marché immobilier pourrait nourrir un mécontentement social. Cependant, il est peu probable que la Belgique connaisse une révolution, notamment en raison de la moyenne d’âge élevée et du climat souvent pluvieux, que l’on dit « contre-révolutionnaire », comme le rappelle une célèbre réplique de la pièce Le Souper.

Accélérer les permis de bâtir : une solution évidente ?

La question qui persiste est : comment permettre aux jeunes de se loger ? Une solution proposée par cette bourgmestre est d’accélérer l’octroi des permis de bâtir. Actuellement, les promoteurs doivent attendre 7 à 8 ans avant d’obtenir une autorisation. Les politiques qui dénoncent la hausse des prix du logement sont donc, paradoxalement, en partie responsables. En bridant l’offre de logements à travers des délais administratifs ou des recours juridiques, ils se comportent comme des pompiers pyromanes.

L’exemple de l’Argentine : l’impact d’un marché libéré

D’autres politiques, notamment à Bruxelles, proposent de bloquer les loyers pour éviter l’exclusion des jeunes de la capitale. Si cette idée part d’une bonne intention, elle se révèle souvent contre-productive, car elle dissuade les propriétaires d’investir dans la location de leurs biens. À l’inverse, un récent article du Wall Street Journal met en lumière l’exemple de l’Argentine, où le nouveau gouvernement a levé un plafonnement strict des loyers. Le marché immobilier y a explosé : à Buenos Aires, l’offre locative a augmenté de 170 %, entraînant une baisse des loyers de 40 %.

Les lois du marché : plus efficaces que l’idéologie politique ?

Cet exemple argentin montre que, lorsque les lois économiques ne sont pas entravées, elles peuvent aboutir à des résultats plus efficaces et plus sociaux que l’intervention politique. L’augmentation de l’offre, lorsqu’elle n’est pas freinée par des restrictions excessives, fait naturellement baisser les prix, au bénéfice de tous. Cela rappelle que les politiques, dans leur volonté de protéger les jeunes, doivent veiller à ne pas étouffer l’offre immobilière par des régulations contre-productives.

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