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Vaut-il mieux un président bon ou un bon président ? Le raisonnement vicieux de Luc Ferry

Les philosophes à la mode sont-ils de bons conseillers ? Je me suis posé la question en lisant le dernier éditorial de Luc Ferry dans le Figaro et dans lequel il évoquait l’affaire du Pénélopegate.

La question pourrait également se poser en Belgique avec la multiplication des affaires politiques. En gros, Luc Ferry, philosophe bien connu des plateaux de télévision, se pose la question de savoir s’il faut choisir entre la morale et le réalisme. Autrement dit, faut-il absoudre François Fillon pour l’emploi fictif de son épouse et tourner la page en se focalisant uniquement sur son programme économique qu’il juge robuste ? Ou alors, faut-il prendre le risque d’avoir un président ou une présidente de la République qui n’a aucune casserole, mais qui sera une catastrophe économique pour la France ?

Pour mieux nous faire comprendre l’enjeu de sa question, il se souvient d’une question qu’avait posée un autre philosophe à un parterre de patrons d’entreprise qui s’inquiétaient de la dérive des moeurs politiques. André Comte-Sponville leur avait demandé: que préférez-vous avoir dans vos magasins, un vendeur bon ou un bon vendeur ? Les patrons de PME ont d’abord ri jaune et puis se sont rendu compte que la réponse était évidente.

Luc Ferry repose la même question, d’une autre manière: qui veut-on avoir à l’Élysée, quelqu’un d’efficace, qui va redresser les comptes du pays, qui va faire en sorte qu’on se rapproche du plein-emploi, qui va diminuer la dette publique ou veut-on avoir quelqu’un de sympa, qui n’a pas de casseroles du type emploi fictif, mais qui porte des projets délirants comme le revenu universel pour tous, qui souhaite taxer les robots ou qui veut sortir de l’euro ?

Après le Pénélopegate, comment un président Fillon pourrait-il être crédible ?

Formulée comme cela, cette question de Luc Ferry impose de dire qu’il faut évidemment voter pour François Fillon, malgré son énorme bourde avec l’emploi fictif de son épouse ! Bref, pour Luc Ferry, mieux vaut avoir à l’Élysée quelqu’un d’efficace et d’imparfait, qu’une Marine Le Pen ou un Benoit Hamon qui vont effrayer les investisseurs étrangers. Pour moi, ce raisonnement est vicieux.

D’abord, parce qu’il part du principe que François Fillon est l’homme de la situation. Il a pourtant été pendant plusieurs années le Premier ministre de Sarkozy, et il n’a pas laissé un bilan économique très positif. Donc, au rayon compétence, il repassera.

Pire encore, il a été la serpillière de Sarkozy, avalant couleuvre après couleuvre, sans broncher. Au rayon, indépendance et caractère fort, il repassera également.

Et puis, comment un président Fillon pourrait-il être crédible lorsqu’il souhaitera supprimer 500.000 emplois de fonctionnaires, alors que son épouse a sans doute occupé un emploi fictif aux frais des contribuables ? Je dis sans doute, car il faut tenir compte de la présomption d’innocence tant que la justice n’a pas tranché.

Au fond, le raisonnement du philosophe Luc Ferry ne vaut guère mieux que cette simple électrice de Donald Trump interviewée par un journal et qui disait qu’elle connaissait les défauts de Donald Trump, mais qu’elle n’avait pas voté pour le pasteur de sa paroisse mais bien pour le président des États-Unis.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Voilà un bon sujet de débat…

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