Royaume-Uni: croissance en baisse et dette en hausse pour le premier budget post-Brexit

Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond. © AFP

Le Royaume-Uni a abaissé sa prévision de croissance à 1,4% en 2017, a annoncé mercredi le ministre des Finances, Philip Hammond, à l’occasion de la présentation de son premier budget depuis le vote du Brexit.

La décision de quitter l’Union européenne va “changer le cours de l’histoire britannique”, a souligné mercredi Philip Hammond devant le Parlement à l’occasion de sa déclaration budgétaire d’automne.

Le chancelier de l’Echiquier a expliqué vouloir faire en sorte que l’économie “résiste” face aux turbulences que le Royaume-Uni s’apprête à connaître lorsque les négociations pour sortir de l’UE commenceront d’ici à la fin mars.

Mais ce pays doit d’ores et déjà s’attendre à un fort recul de sa croissance l’an prochain : l’Office public de responsabilité budgétaire (OBR) a en effet abaissé ses prévisions de croissance à 1,4%, contre un taux de 2,2% prévu en mars dernier.

M. Hammond a évoqué “une baisse des investissements et une demande plus faible”, conséquences de l’incertitude qui règne désormais et de l’accélération de l’inflation pour cause de dépréciation de la livre.

Dette alourdie

Au total, en raison du vote pour le Brexit, le Royaume-Uni va perdre 2,4 points de croissance sur la période 2016-2021, a précisé l’OBR, plombant d’autant les prévisions de recettes fiscales.

Ce pays s’attend de ce fait à ce que son déficit public soit bien plus élevé que prévu d’ici à 2021, avec une augmentation des emprunts de 122 milliards de livres (143 milliards d’euros). Le ministre des Finances a renvoyé un hypothétique retour à l’équilibre budgétaire à au-delà de 2020.

Compte tenu de cette contrainte budgétaire, le gouvernement conservateur n’a pu annoncer aucune mesure de relance spectaculaire, pour éviter d’aggraver les comptes publics, qui s’étaient quelque peu redressés à la suite d’années d’austérité.

Le nouvel exécutif conservateur arrivé au pouvoir après le référendum aurait rêvé pouvoir faire de beaux cadeaux aux familles modestes, dont beaucoup ont voté pour le Brexit, mais a finalement dû se borner à quelques gestes en faveur des ménages et des milieux d’affaires.

Coup de pouce aux ménages

L’annonce la plus emblématique est une hausse du salaire minimum qui passera à 7,5 livres brut de l’heure (l’équivalent de 8,8 euros) à partir d’avril 2017, soit une hausse de 4%. Il était déjà passé de 6,70 livres à 7,20 livres fin mars dernier.

Un coup de pouce bienvenu quand la hausse des prix menace le pouvoir d’achat des Britanniques.

Le ministre des Finances propose en outre de supprimer les sommes versées par 4,3 millions de ménages au titre des frais aux agences immobilières au moment de signer un contrat de location. Il entend toutefois aussi soutenir le secteur immobilier, promettant des investissements de 1,4 milliard de livres pour aider à la construction de 40.000 nouveaux logements.

Il a par ailleurs annoncé la création d’un fonds d’investissement de 23 milliards de livres pour améliorer la productivité dans les années à venir en soutenant la recherche et développement, les réseaux routiers ou encore la fibre optique.

Sur le plan fiscal, le ministre des Finances s’est contenté de rappeler que l’impôt britannique sur les sociétés, qui est actuellement de 20%, doit passer à 17% d’ici à 2020, ce qui en fera le plus faible de tous les pays riches et émergents du G20.

Au chapitre des bonnes nouvelles, le Royaume-Uni a légèrement relevé ses prévisions de croissance pour 2016, de 0,1 point, confirmant la résistance jusqu’ici de l’économie. Et M. Hammond a souligné que l’activité allait rester au moins aussi vigoureuse qu’en Allemagne et en France.

Plusieurs analystes estiment que cette bonne tenue de l’économie depuis la fin juin représente une aubaine pour le gouvernement qui peut ainsi garder des munitions pour l’an prochain.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content