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‘Quand une hausse des taxes se traduit par… une baisse des recettes’

En Belgique, le trou budgétaire de 2 milliards d’euros, puis maintenant de 3 milliards, n’a de cesse d’étonner. Comment un État moderne digne de ce nom peut-il se tromper à ce point dans l’évaluation de ses recettes et de ses dépenses ?

L’administration fiscale a déjà botté en touche pour éviter d’en prendre la responsabilité, disant comme d’habitude que, faute de moyens humains, il peut y avoir un ‘bug’ dans la remontée des chiffres. Un argument qui ne convainc pas, par exemple, l’avocat fiscaliste Thierry Afschrift. Surtout qu’en nombre de fonctionnaires par habitant, l’administration fiscale belge est l’une des plus pléthoriques au monde.

Ce n’est pas parce qu’un gouvernement décide d’augmenter un impôt que les contribuables vont l’accepter sans broncher

Mais plutôt que de s’acharner sur une administration fiscale dont les troupes n’ont déjà pas le moral au beau fixe, ce professeur d’université rappelle aussi quelques principes de base, notamment que ‘trop d’impôt tue l’impôt’. En clair, selon Thierry Afschrift, ce n’est pas parce qu’un gouvernement décide d’augmenter un impôt ou une taxe de 20% que les contribuables vont l’accepter sans broncher. Au contraire, ne voulant pas se faire tondre, ces mêmes contribuables fraudent ladite taxe s’ils le peuvent, ou utilisent des méthodes légales pour ne pas la payer, voire s’abstiennent de poser l’acte qui suscite cette taxe ! C’est aussi simple que cela.

Prenez le cas des très nombreux Belges qui achètent leur alcool à l’étranger parce qu’on a augmenté la taxation des alcools vendus en Belgique, nous dit Thierry Afschrift. Ce qui implique qu’une augmentation formelle de la taxe se traduit en réalité par une… baisse des recettes ! De même, à quoi sert-il d’inscrire dans un budget qu’une taxe sur les opérations de bourse va rapporter autant, si les épargnants se mettent à acheter moins d’actions ou passent par des intermédiaires financiers aux Pays-Bas – qui ne sont pas concernés par cette taxation des actions ?

Bien entendu, le dérapage budgétaire s’explique aussi par d’autres raisons, comme l’alerte maximale à Bruxelles qui a transformé la capitale en ville morte pendant plusieurs jours. Aujourd’hui encore, le centre-ville, et même le haut de la ville, en porte les stigmates.

En attendant, ce trou budgétaire relance la polémique entre la droite et la gauche. Cette dernière estime que ce seront les plus fragiles qui paieront l’équilibre budgétaire via des coupes dans les dépenses sociales. La première juge pour sa part que l’État n’a, par exemple, pas pour vocation de garder tout ou partie du contrôle d’entreprises comme bpost, Proximus ou BNP Paribas. En clair, autant vendre ces actions et empocher l’argent pour réduire le déficit budgétaire. La discussion ne fait que commencer…

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