Pourquoi l’EI a commencé à frapper sa propre monnaie
Dans une longue vidéo de près d’une heure diffusée le samedi 29 août dernier, les combattants de l’État islamique annoncent qu’ils ont commencé à frapper leur propre monnaie unique, en or, en argent et en cuivre. Une nouvelle étape dans l’édification de leur état.
Les djihadistes y acclament le “retour du dinar d’or” et déclarent vouloir “sauver les musulmans de l’asservissement des banques sataniques”. Il s’agit pour l’organisation d’une nouvelle étape dans l’édification d’une nation à part entière.
L’EI contrôle un territoire aussi grand que le Royaume-Uni, mais qui est en grande partie désertique. Comme l’explique le site Challenges.fr, leur objectif est de remplacer “le système monétaire tyrannique imposé aux musulmans qui a conduit à leur oppression”. Par voie de communiqué, l’organisation précise qu’elle veut, par ce biais, libérer les musulmans du “mercantilisme et de l’oppression économique satanique”.
Pour l’économiste Jérôme Héricourt, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) cité par Challenges.fr, “battre sa propre monnaie est un marqueur très fort de souveraineté, c’est le moyen de s’affirmer en tant qu’État, Frapper sa monnaie, est un pouvoir régalien, l’État islamique entend donc signifier aux yeux du monde qu’il est légitime”.
Sonnant et trébuchant
En choisissant des matériaux comme l’or, l’argent et le cuivre, Daech joue aussi sur le côté sonnant et trébuchant, poursuit Jérôme Héricourt. Pour l’expert, des billets n’auraient eu aucune valeur car cela aurait été vu comme du papier que personne n’aurait pris au sérieux. Une pièce en or, par contre, a toujours de la valeur. Les pièces seront “totalement dépourvues d’images humaines et animales, conformément à la charia” précise de son côté Le Nouvel Obs. De plus, l’or est une référence universelle par excellence, que tout commerçant accepterait comme monnaie d’échange.
Pour d’autres économistes, relève Challenges, ces métaux permettront aussi à cette monnaie de ne pas être convertible. “Comme à l’époque des rois du Moyen-Âge, cela leur permettra de fixer arbitrairement la valeur des choses selon leur propre code moral, sans qu’il soit possible de faire des comparaisons internationales, puisque personne d’autre n’utilise cette monnaie et qu’il n’existera pas de taux de change”, explique ainsi Pascal de Lima, directeur de cabinet de conseil EcoCell et spécialiste du système financier à France24.com.
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