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Pourquoi l’Égypte est programmée pour exploser

Il fut une époque où l’Égypte dictait l’agenda géopolitique au Proche-Orient, parce que ce pays jouissait d’un grand prestige auprès des autres pays arabes et qu’il était le centre culturel et politique du monde arabe. Aujourd’hui, il n’en est plus rien…

L’Égypte n’est plus le centre du monde arabe. Et pour cause: le pays est littéralement en faillite, comme l’a très bien démontré le magazine The Economist. L’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui a succédé à l’islamiste Mohamed Morsi, lui-même élu après la chute de Hosni Moubarak, se révèle être encore plus oppressif que ce dernier et aussi incompétent sur le plan économique que M. Morsi. Les Égyptiens ne sont donc pas gâtés par leur histoire récente.

Le chômage des jeunes est aujourd’hui de l’ordre de 40%, et le pays reste improductif avec une armée de fonctionnaires payés à ne rien faire si ce n’est à baisser artificiellement le taux de chômage. Quant au secteur privé, il est tout simplement incapable d’absorber les légions de nouvelles personnes à la recherche d’un job. Aujourd’hui, quelqu’un qui n’a pas de diplôme en Égypte a paradoxalement plus de chances de trouver un petit job qu’un diplômé.

Quant au nouveau président, il a beau jouer sur la fibre nationaliste et la grandeur passée de l’Égypte, il n’empêche qu’il a dû aller quémander 12 milliards de dollars au FMI pour que son pays n’explose pas.

L’Égypte est traditionnellement aidée par les pays du Golfe, mais même eux sont découragés !

En fait, les différentes sources d’argent de l’Égypte sont en berne. À cause du terrorisme, plus personne n’y vient et le tourisme en souffre énormément. La baisse du prix du pétrole affecte également les recettes égyptiennes. Quant au deuxième canal de Suez, depuis son inauguration en grande pompe, les revenus du trafic portuaire ont baissé ! Et en ce qui concerne le plan très créatif qui voulait faire sortir de terre une ville futuriste du genre Dubai, il reste au stade… d’un tas de sable, précise The Economist.

Pire encore, l’Égypte est traditionnellement aidée, pour diverses raisons, par les pays du Golfe persique, mais même eux sont découragés ! Les conseillers financiers des Émirats arabes sont dépités par la paperasserie et la rigidité de l’administration égyptienne. Et une fuite malencontreuse n’a pas arrangé les choses, une conversation privée entre le président Sissi et ses adjoints qui laisse entendre qu’ils n’ont que du mépris à l’égard de ces “demi-pays du Golfe qui ont autant d’argent que d’autres ont du riz”. Bref, ce n’est pas très malin d’insulter la main qui vous nourrit.

Pour ces raisons, ce pays central pour la stabilité du Proche-Orient est désormais programmé pour exploser un de ces jours. Ce qui fait écrire au magazine The Economist que la meilleure chose que puisse faire l’actuel président est de ne pas se présenter aux prochaines élections de 2018. Mais je crois que la probabilité qu’il neige cet hiver en Égypte est plus plausible…

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