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Noël: fête religieuse ou sacralisation de la toute-puissance du Dieu économie ?

Le jour de Noël est à nos portes et certains philosophes se posent la question comme chaque année: est-ce encore une fête religieuse, devenue progressivement laïque ou est-ce plutôt une célébration qui sacralise la toute-puissance du nouveau Dieu économie ?

Pour d’aucuns, c’est le dernier point qui l’emporte aujourd’hui . La compulsion consommatrice autour de la Noël plaide, selon eux, pour un rassemblement des consommateurs en transe autour d’une nouvelle religion. Mais est-ce vraiment nouveau ? Ne lisait-on pas déjà sous la plume d’Alphonse Daudet, et plus précisément dans son roman les Trois messes basses, un curé plus obsédé par le détail du repas du réveillon, alors même qu’il célèbre l’office du 24 décembre ?

Noël: fête religieuse ou sacralisation de la toute-puissance du Dieu économie ?

En fait, comme l’écrit Solange Charreton dans Le Figaro, “l’esprit de Noël capitaliste infuse l’idée selon laquelle le bonheur réside dans la consommation”. Alors qu’elle-même est croyante, Solange Charreton écrit que c’est un rite religieux d’une économie qui ne sait plus quoi faire de sa surproduction et qui donc pousse sa logique jusqu’au bout. La preuve: même Internet s’est emparé de Noël, car si vous n’aimez pas le cadeau reçu sous la sapin, vous pouvez l’échanger sur de nombreux sites dédiés à cela !

C’est évidemment la vision d’une croyante probablement déçue par le dérapage consumériste d’une fête censée mettre, au contraire, en avant la sobriété et l’enfant divin né dans une étable. Mais au fond, c’est exactement la même chose sous d’autres cieux. Notamment pour le Ramadan, qui de mois religieux s’est transformé, au fil du temps, en période de repas gargantuesques et festivités dispendieuses.

D’autres philosophes, comme Roger-Pol Droit, voient les choses autrement par rapport à ces supposés dérapages consuméristes. Il pense que les fêtes d’aujourd’hui ont également pour vocation de nous faire oublier l’horreur de notre quotidien, notamment télévisuel. Entre les décapitations au Moyen Orient, les écoliers assassinés au Pakistan et autres horreurs du même genre, il est normal que l’on cherche à souffler, à respirer, à penser à autre chose. Les fêtes, avec leur cortège de félicitations du type “bonnes fêtes ou bonne année”, permettent d’avoir une sorte de, je le cite, “de diététique de l’attention”, “de régime des préoccupations”, “de jeûne de la méchanceté”. Selon Roger-Pol Droit donc, dîner en paix n’a pas de prix.

J’avoue qu’entre la vision pessimiste de Solange Charreton d’un Noël devenu purement capitaliste et celle d’un Roger-Pol Droit emprunte d’humanisme et finalement de sympathie à l’égard de nos faiblesses, mon coeur penche, par faiblesse sans doute, la seconde. Maisbon, c’est une question délicate et à chacun sa vision. Passez de très bonnes fêtes malgré tout.

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