L'”insoutenable” dette grecque, une question toujours en suspens

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L’épineuse question de la dette grecque et de son allègement devait être au coeur des discussions lundi entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses principaux créanciers, l’UE et le FMI.

A combien s’élève la dette grecque ?

Selon des chiffres diffusés le 21 avril par l’Office fédéral des statistiques, Eurostat, la dette grecque s’élevait en 2015 à 311,4 milliards d’euros.

Elle représentait 176,9% du Produit intérieur brut (PIB) du pays, selon la même source, un record parmi les 28 Etats membres de l’UE.

Selon les prévisions de printemps de la Commission européenne du 3 mai dernier, elle devrait monter à 182,8% du PIB cette année, pour redescendre à 178,8% en 2017.

Ces chiffres posent la question de la “soutenabilité” de la dette grecque. Le service de la dette, c’est-à-dire les intérêts versés année après année aux créanciers, “mange” une grosse partie des ressources financières du pays, l’empêchant d’investir et bridant la croissance. La question de la dette est donc un enjeu capital pour le pays.

Qui détient la dette grecque ? Quand doit-elle être remboursée ?

Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) est le premier créancier du pays, il détient plus de 40% de la dette. Mis sur pied en 2010 pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, ce fonds a prêté à la Grèce 130,9 milliards d’euros en plusieurs tranches.

Cet argent a été levé sur le marché par le FESF, mais les pays de la zone euro ont apporté des garanties d’un montant équivalent, chacun proportionnellement au poids de son économie dans le bloc monétaire. L’Allemagne, première économie de la zone euro, est engagée à hauteur de près de 40 milliards d’euros, devant la France avec près de 30 milliards, suivies de l’Italie, Espagne, etc.

Depuis l’accord à l’été 2015 sur un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, le Mécanisme européen de stabilité (MES), a pris le relais du FESF comme organisme prêteur. Jusqu’à présent il a versé à la Grèce 21,4 milliards, soit environ 25% du total promis.

Il lève des fonds sur le marché et est doté de 500 milliards d’euros de capacité de prêts. Là encore la plus grande contribution revient à l’Allemagne, en vertu de son statut de première économie de la zone euro.

Outre ces garanties, les partenaires de la Grèce en zone euro ont déboursé 52,9 milliards d’euros sous forme de prêts bilatéraux lors d’un premier plan d’aide au pays, en 2010. Là aussi la clé de la répartition par pays est le poids de l’économie dans l’espace de la monnaie unique, ce qui fait encore de l’Allemagne le créancier numéro un.

La Banque centrale européenne, qui a acheté à partir de 2010 des obligations grecques sur le marché, en détenait fin 2015 pour une valeur nominale de 14,6 milliard d’euros, selon un porte-parole de la BCE. La prochaine échéance de remboursement pour la Grèce est le 20 juillet prochain, où elle devra verser 2,2 milliards d’euros à l’institution basée à Francfort.

La Grèce doit encore rembourser 14,5 milliards d’euros au Fonds monétaire international (FMI), qui était associé aux deux premiers plans d’aide des Européens et négocie encore sa participation au troisième, selon un porte-parole de l’institution basée à Washington.

Le reste de la dette, sous forme d’obligations, est détenu par des acteurs de marché, essentiellement des banques.

Que s’est-il passé jusqu’ici au sujet de l’allègement de la dette ?

En mars 2012, la Grèce a vu 53,5% de ses dettes auprès des créanciers privés, tels que les banques, effacées. Une réduction correspondant à environ 107 milliards d’euros.

S’ils ont exclu toute réduction nette du montant de la dette (ou “haircut”), les créanciers publics ont consenti à différents aménagements, à savoir des taux plus avantageux ou des allongements d’échéance.

Ainsi les taux d’intérêt des crédits accordés par les pays de la zone euro dans le cadre du premier plan d’aide ont été constamment réduits jusqu’à novembre 2012.

Dans le cadre du deuxième plan d’aide de 2012, il a été décidé, pour tous les crédits accordés par le FESF, que les remboursements et le paiement des intérêts n’interviendraient qu’à partir de 2023.

Les maturités des crédits accordés dans le cadre du premier plan ont été aussi progressivement jusqu’en 2012 allongées à 30 ans, et dans le cadre du second, elles sont passées de 17,5 à 32,5 ans. En l’état actuel des choses, Athènes devrait achever de rembourser les deux premiers plans d’aide en 2054.

Pour le troisième plan d’aide, les durées des maturités sont en moyenne de 32,5 ans.

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