L’exception culturelle en sursis

© Reuters

Une fois de plus, les partenaires européens ont réussi l’exploit d’apparaître soudés en jouant la carte du compromis. Dernier exemple en date : l’exception culturelle pour le secteur audiovisuel. Une compromis de façade à la veille du G8 et qui ne gomme nullement toutes les divergences intra-européennes.

La France n’a pas plié. Vendredi dernier, les ministres du Commerce européens sont finalement arrivés à un accord pour exclure momentanément le secteur audiovisuel du mandat des négociations commerciales qui seront prochainement entamées avec les Etats-Unis. La sacro-sainte “exception culturelle” brandie par la France et soutenue par la Belgique n’a donc pas été sacrifiée sur l’autel d’un futur accord de libre-échange transatlantique. Voilà pour l’apparence, quelques heures avant le G8 où les grands pays européens se devaient de faire bloc face au géant américain.

Car, en réalité, on est loin d’une victoire. Certes, l’Union européenne a parlé d’une seule voix pour faire bonne figure sur la scène internationale, mais en coulisses, chacun sait que le désaccord subsiste entre les défenseurs de l’exception culturelle et les partisans d’un accord de libre-échange global. D’ailleurs, le compromis européen prévoit clairement que cet interdit de l’exception culturelle peut être levé à tout moment de la discussion avec les Etats-Unis, pour autant que les 27 pays de l’Union européenne l’acceptent à l’unanimité. Rien n’est donc véritablement figé.

Une machine de guerre Significative, cette résistance française montre bien la crainte qu’inspire l’industrie cinématographique américaine qui est une véritable machine de guerre.

En 2011, le secteur audiovisuel a généré 464 milliards de dollars de revenus aux Etats-Unis (soit 15 fois plus qu’en France !), faisant ainsi du pays de l’Oncle Sam le n°1 mondial de l’industrie du cinéma et de la télévision. Un secteur qui emploie directement près de 2,1 millions d’Américains et qui n’est autre que la deuxième industrie du pays en termes d’exportations, juste après l’aéronautique. Car si, en 2010, les Etats-Unis ont exporté vers l’Union européenne l’équivalent de 7,5 milliards de dollars sous la forme de produits audiovisuels, l’Europe n’a en revanche vendu “que” 1,8 milliard de dollars de sa production propre aux USA. Et c’est précisément pour éviter que cet écart ne se creuse davantage que la France résiste. Mais jusque quand ?

Frédéric Brébant

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