L’Allemagne à la Grèce: “Nous n’allons rien dicter… mais les obligations doivent être respectées”

Des sympathisants de Syriza. © Reuters

L’Europe a affiché lundi sa volonté de ne pas céder aux exigences d’Alexis Tsipras, en prévenant le nouvel homme fort à Athènes qu’elle n’était pas prête à effacer la dette de la Grèce et qu’il devait respecter les engagements de son pays.

“Faire partie de la zone euro signifie qu’il faut respecter l’ensemble des accords déjà passés”, a affirmé le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, au lendemain de la victoire éclatante du parti de la gauche radicale Syriza.

M. Tsipras, qui a prêté serment lundi en tant que Premier ministre, a promis la fin de l’austérité et réclamé une restructuration de la dette, détenue principalement par l’Allemagne et la France et qui représente 177% du PIB. Si l’idée d’un nouvel effacement de la dette est catégoriquement rejetée par Berlin, plusieurs économistes plaident pour une nouvelle réduction des taux d’intérêt de certains prêts consentis à la Grèce, et un allongement de leur durée. Une idée évoquée lundi par le Premier ministre finlandais Alexander Stubb, qui figure pourtant dans le camp des durs.

La position de l’Allemagne sera déterminante. La chancelière Angela Merkel a fait savoir qu’elle attendait du futur gouvernement grec qu’il “respecte les engagements” pris. “Nous n’allons rien dicter”, a déclaré son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, mais “les obligations doivent être respectées”.

Quant au président français François Hollande, qui a invité M. Tsipras à se rendre rapidement à Paris, il a évoqué “deux principes par rapport à ce que vit la Grèce, c’est-à-dire une austérité qui a été particulièrement douloureuse”, la “solidarité” et la “responsabilité”. “Des engagements ont été pris et ils doivent être tenus”, a-t-il enchaîné.

Tout en rejetant la troïka des créanciers (UE, BCE et FMI), Alexis Tsipras a assuré que son gouvernement était prêt à “négocier avec (ses) partenaires une solution juste, viable, durable, qui bénéficie à tous”.

Les problèmes de la Grèce sont toujours là

Les partenaires d’Athènes auront une approche “très pragmatique”, a déclaré M. Dijsselbloem à l’issue de la réunion de l’Eurogroupe. Mais, a-t-il averti, les problèmes de la Grèce “sont toujours là, ils doivent toujours être résolus”, et ils “n’ont pas disparu du jour au lendemain par le simple fait qu’une élection a eu lieu”.

Il s’est félicité du fait que Syriza ait “pour ambition de rester dans la zone euro. C’est la base à partir de laquelle nous allons travailler”, a-t-il dit. Il a par ailleurs indiqué qu’il s’était entretenu par téléphone pendant une quinzaine de minutes avec le futur ministre grec des Finances fortement pressenti, Yanis Varoufakis.

Interrogé pour savoir si la troïka des créanciers publics de la Grèce allait retourner à Athènes pour conclure la revue du programme d’aide en cours, M. Dijsselbloem a souligné qu’il allait falloir “attendre de connaître la position du nouveau gouvernement” “concernant l’avenir du programme”.

“On ne va pas échapper à une renégociation”

L’UE a fixé à la Grèce la limite de fin février pour accomplir certaines réformes nécessaires au déblocage de quelque 7 milliards d’euros d’aide, un délai dont M. Tsipras a jugé qu’il ne “signifiait rien”.

De son côté, le FMI s’est dit prêt lundi à “continuer de soutenir” la Grèce et “espère” entamer des discussions avec son nouveau gouvernement, a-t-il indiqué dans un très court communiqué. Le FMI, qui a accordé le plus grand plan d’aide de son histoire à Athènes, est un des premiers créanciers de la Grèce avec une dette de quelque 25 milliards d’euros à la fin 2014.

Le pays vit depuis 2010 sous perfusion de ses créanciers internationaux, qui se sont engagés à lui prêter le montant colossal de 240 milliards d’euros, mais en échange d’une austérité drastique et de réformes qui ont mis le pays à genoux.

Sur la dette, “on ne va pas échapper à une renégociation”, reconnaît une source européenne. Son niveau actuel n’est “pas soutenable”, et “toute solution qui ne passe pas par une réelle réduction de cette dette ne pourra qu’entraîner une nouvelle crise en Grèce”, affirme Jesus Castillo, de la banque Natixis.

Le problème est “particulièrement difficile”, reconnaît M. Castillo, en soulignant que “chaque joueur devra trouver la manière d’alléger le fardeau de la dette de la Grèce sans heurter son opinion publique ni donner des incitations à d’autres pays ayant des problèmes de dette”, ajoute-t-il.

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