L’accueil économique des réfugiés en Belgique, une “situation d’urgence”

Illustration. Réfugiés à l'Office des étrangers à Bruxelles. © BELGA/Laurie Dieffembacq

La participation économique des réfugiés en Belgique reste maigre, constate l’Institut Itinera, après avoir collecté des données et études sur le sujet. Pour Itinera, la “position sur le marché du travail des réfugiés présents (en Belgique) est tellement sombre que l’on peut vraiment parler d’une situation d’urgence, qui exige des mesures d’urgence”.

Itinera pointe trois points qui font défaut en Belgique. Tout d’abord, l’absence de cartographie du profil des réfugiés et “de monitoring correct empêchent de disposer de données cohérentes”. Ce manque ne permet pas d’élaborer une politique sur mesure, adaptée aux spécificités des demandeurs d’asile, ce qui “pourrait bien vouer toute politique d’asile à l’échec”.

Ensuite, il ressort des données disponibles analysées “qu’environ trois quarts des réfugiés arrivant en Belgique n’ont pas suivi de formation supérieure, et une part substantielle (près d’un sur cinq) est même analphabète”. Le potentiel des réfugiés sur le marché du travail serait donc maigre. “Les rares réfugiés titulaires d’un diplôme du supérieur qui arrivent en Belgique ont en outre besoin en moyenne d’un cours de langue intensif d’un an, pour pouvoir exercer un job correspondant à leur niveau de formation”.

Enfin, il est crucial, selon Itinera, de mettre rapidement au travail les réfugiés, au risque de voir se creuser un fossé insurmontable entre la situation personnelle du réfugié et la réalité du marché du travail. Or, les politiques actuelles tendent plutôt à ralentir leur arrivée sur le marché de l’emploi. Itinera cite comme exemple la Flandre, où les réfugiés doivent suivre des cours de langue durant plusieurs mois avant de pouvoir bénéficier d’un soutien du VDAB dans leur recherche d’emploi.

Il serait pourtant possible de faire mieux. “Il est possible de définir un triangle d’or pour l’intégration économique des réfugiés: une évaluation rapide des connaissances et compétences (1), un partage des connaissances et collaboration (2) et un travail sur mesure (3)”.

La rapidité ne pourra s’acquérir qu’en brisant le parcours linéaire du processus de reconnaissance, selon Itinera. L’institut recommande donc d’organiser simultanément et parallèlement les différents processus: la reconnaissance en tant que réfugié, l’apprentissage de la langue, l’intégration civique et l’accès au travail.

Afin d’assurer le deuxième point du “triangle d’or”, Itinera propose de regrouper l’ensemble des services et instances en un guichet unique afin que toutes les informations sur et pour le demandeur d’asile soient concentrées au même endroit et puissent être partagées. Cela permettra “d’améliorer les procédures mais aussi d’accélérer l’accès à l’emploi”.

Enfin, le travail sur mesure implique un parcours individualisé, avec une meilleure compréhension de la grande diversité de contextes, cultures, niveaux d’étude, vécus personnels, etc. La personnalisation des parcours “demande une très grande implication des villes, des communes et des CPAS”, souligne Itinera qui ajoute que ce n’est que “via la réalité locale qu’un travail vraiment sur mesure peut être fourni”.

Itinera insiste sur l’urgence de la situation. “Si nous n’y prenons pas garde, nous risquons de perdre encore un groupe de nouveaux venus dans notre société. Il n’est pas encore ‘trop tard’ pour y remédier. Mais il est ‘presque trop tard’, et la Belgique risque bien de manquer un rendez-vous avec l’histoire”, conclut l’Institut.

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