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Et si la victoire de Trump, c’était la défaite des médias ?
Les médias américains ont voulu arrêter un “monstre” qu’ils ont eux-mêmes contribué à fabriquer. La victoire de Trump démontre que le 4e pouvoir n’a plus de pouvoir… En tout cas, pas celui de bloquer un candidat en phase avec son électorat.
La victoire de Donald Trump a laissé KO beaucoup d’Américains mais également beaucoup d’Européens. Au lendemain de sa victoire surprise, il est tentant de tirer quelques conclusions forcément provisoires. La première, c’est que la victoire de Trump, c’est aussi la défaite des médias aux Etats-Unis et en Europe. Les sondeurs se sont trompés, et les médias également. Pire encore, la plupart des médias étaient clairement anti-Trump et ne le cachaient pas, les plus prestigieux au niveau mondial, comme le New York Times ou The Economist, ont même pris fait et cause pour Hillary Clinton. En vain !
Les plus optimistes diront que cette critique des médias est injuste car ils n’ont pas le don divinatoire – c’est sans doute vrai – mais cela pose alors a minima la question de leur vrai pouvoir. N’est-il pas parti aujourd’hui sur les réseaux sociaux ? Par ailleurs, les médias américains ont joué un sale rôle, ils critiquaient le candidat Trump mais ils lui donnaient l’antenne car il était synonyme de fortes audiences en raison de ses dérapages et outrances. Bref, c’est ce qu’on appelle dans notre jargon, un “bon client”.
Mais le résultat final, c’est que Trump est le candidat qui a le moins investi de dollars en publicité électorale mais c’est lui qui a eu le plus d’impact médiatique. Autrement dit, c’est lui qui s’est servi des médias et non pas l’inverse, et ce retournement de situation restera dans les annales de la télévision.
Les médias américains ont joué un sale rôle en critiquant Trump mais en lui donnant l’antenne car il était synonyme de fortes audiences en raison de ses dérapages.
A ce propos, la télévision française joue également le même jeu dangereux, elle fustige Marine Le Pen mais l’invite en prime time pour commenter la victoire de Donald Trump… Et les mêmes journalistes qui l’ont invitée hier soir s’étonneront de la voir au second tour lors des élections présidentielles de 2017.
En fait, lorsque le peuple vote contre les idées de l’élite, que l’élite soit économique, politique ou médiatique, on dit aussitôt que c’est du populisme. Forcément, pour l’élite, la vérité ne peut venir que d’en haut. C’est une erreur ! On l’a vu avant hier pour le Brexit, et on vient de le voir hier pour Trump.
Justement, hier, ce sont plus de 15.000 métallurgistes qui ont défilé dans les rues de Bruxelles. Mais hormis les embarras de circulation, cette manifestation n’a pas fait la UNE des médias. Pourtant, ces métallurgistes sont les victimes du dumping chinois, et s’ils étaient Américains, ils voteraient Trump, mais comme ils sont Européens, ils voteront “populiste” dira à nouveau l’élite.
Mais n’est-ce pas là le noeud du problème ? Comment une commission européenne peut-elle être encore plausible ? Comment peut-elle dire à la population qu’il faut se serrer la ceinture, qu’il faut pratiquer une politique de rigueur, d’austérité, lorsque des anciens commissaires européens se recasent à prix d’or dans le privé ou qu’un ancien président de la commission se trouve une retraite dorée auprès de la banque Goldman Sachs ?
Ne pas comprendre cette interrogation, c’est nourrir les théories de la conspiration des élites. C’est pourquoi, même face à des preuves factuelles, les électeurs américains ne veulent plus écouter les médias traditionnels et préfèrent se nourrir auprès des réseaux sociaux et des sites d’opinion qui font juste écho à leurs propres opinions. Comme l’écrivent nos confrères des Echos, “c’est fini l’information équilibrée et la vérité ennuyeuse”, la seule chose qui compte aujourd’hui, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, ce sont les sites qui confirment nos convictions, une conviction souvent nourrie de ressentiment à l’égard d’une élite qui est devenue une cible à abattre. La vérité ne fait plus recette, place à la “conspiration des élites”, et donc, oui hélas, la victoire de Trump est aussi en partie la défaite des médias.
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