Dans le doute sur les mesures Trump, le FMI abaisse ses prévisions aux USA

Image d'illustration. © Reuters

Le FMI a abaissé mardi ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis pour la première fois depuis l’élection de Donald Trump, pointant les incertitudes persistantes autour de son plan de relance économique.

Le Fonds monétaire international estime ainsi que le Produit intérieur brut (PIB) américain avancera de seulement 2,1% cette année et en 2018 alors qu’il prévoyait respectivement 2,3% et 2,5% en avril, selon son nouveau rapport annuel sur les Etats-Unis.

“Cela reflète pour une large part l’incertitude sur les mesures macro-économiques qui seront mises en place dans les prochains mois”, explique le Fonds.

En 2019, l’expansion devrait se tasser à 1,9%, très loin des 3% que le président américain, élu en novembre 2016, assure pouvoir atteindre.

En janvier, quelques jours avant l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, le Fonds avait pourtant relevé sa prévision de croissance américaine en prenant acte du regain de confiance impulsé par M. Trump.

L’administration avait alors dopé les milieux d’affaires en promettant une réforme des impôts, des dépenses massives d’infrastructures et une renégociation des accords commerciaux censées doper la croissance à autour de 3% dès 2018 et à long terme.

Mais aucune de ces mesures n’a aujourd’hui avancé au Congrès. “Les plans de politique économique sont encore en gestation”, pointe, pudiquement, le FMI.

Le Fonds prend même le risque de fâcher son premier actionnaire en doutant ouvertement que les projections de l’administration américaine soient atteignables à court terme.

“Même avec les conditions idéales d’une politique de relance, la croissance potentielle sera probablement plus faible que ce que le projet de budget envisage et prendra plus de temps à se matérialiser”, estime le FMI.

L’organisation ajoute qu'”une accélération d’un point de pourcentage de l’expansion économique, comme le projette l’administration Trump, est peu probable”.

Inégalités

Le FMI juge aussi que le modèle économique américain ne fonctionne plus “aussi bien” qu’il devrait, générant une croissance qui suscite trop d’inégalités.

Depuis la crise financière de 2008, les Etats-Unis connaissent certes une expansion économique continue –la troisième plus longue depuis 1850– mais qui s’est révélée “trop faible et trop inégale”, estime le FMI.

Comme de nombreux autres pays développés, l’économie américaine fait face à de profonds changements, souligne l’organisme, allant des ruptures technologiques, qui demandent une forte adaptation des travailleurs, au vieillissement de la population.

Ces changements ont un impact sur le niveau de vie des Américains. “Les revenus des ménages stagnent pour une grande partie de la population”, note le Fonds ajoutant que même si le taux de chômage ne devrait pas dépasser 4,3% en 2017 et 2018, “les offres d’emplois se détériorent pour nombre de travailleurs, trop découragés pour continuer à chercher du travail”.

Le pays accuse aussi un des taux de pauvreté les plus élevés parmi les pays riches (13,5%).

Sur les projets de réformes de l’administration Trump, le FMI reconnaît que le système fiscal devrait être simplifié mais insiste pour qu’il “réduise les inégalités des revenus” et suggère d’augmenter les recettes de l’Etat par l’institution d’une taxe carbone et d’un relèvement des taxes sur les hydrocarbures, des mesures qui ont très peu de chances de trouver un écho favorable à Washington.

Sur le plan du commerce, alors que l’administration Trump est tentée par des mesures protectionnistes, le FMI admet qu’il y a “une marge” pour améliorer les accords commerciaux y compris celui de l’Aléna avec le Mexique et le Canada, dont la renégociation va bientôt commencer . Mais il ajoute que les Etats-Unis “auraient intérêt à rester ouverts”.

Alors que le dollar apparaît “modérément surévalué” (de 10% à 20%), la banque centrale (Fed) devrait “continuer à relever graduellement les taux d’intérêt” au vu des données économiques, affirme par ailleurs le FMI.

Mais elle devrait être prête à supporter que l’inflation dépasse un peu sa cible de 2%.

La réduction des actifs au bilan de la banque centrale, qui selon les économistes est synonyme d’un tour de vis monétaire supplémentaire, doit être “bien télégraphiée” aux acteurs financiers afin d’éviter des remous sur les marchés obligataires, indique le rapport.

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