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Comment Apple va aider Trump à gagner un second mandat

Amid Faljaoui aime jouer avec les paradoxes. Aujourd’hui, il va nous démontrer qu’une société comme Apple va contribuer indirectement à faire réélire Donald Trump. Mais comment est-ce possible?

À l’exception de Peter Thiel, le fondateur de PayPal, les patrons de la Silicon Valley n’ont jamais été les meilleurs amis de Donald Trump. Ils ont beau être milliardaires, la plupart d’entre eux votent démocrate. Ensuite, comme beaucoup d’universitaires américains, les patrons de la Silicon Valley trouvent le nouveau président trop vulgaire et trop rustre à leur goût. Les caciques de la Silicon Valley le lui ont dit, par exemple, lorsqu’il a voulu interdire l’entrée des États-Unis à un certain nombre de ressortissants de pays musulmans. La plupart d’entre eux ne se sont pas privés de rappeler à Donald Trump que le père biologique de Steve Jobs était d’origine syrienne.

Pourtant, à son insu, Apple vient de donner un immense coup de main aux Républicains. En effet, la firme à la pomme va sans doute permettre aux élus Républicains d’être réélus les doigts dans le nez lors des prochaines élections de novembre prochain. Mais comment un pied de nez pareil est-il possible? Simple: Donald Trump a réussi à faire passer une loi permettant aux multinationales américaines ayant de l’argent à l’étranger… de rapatrier cet argent avec un taux d’imposition ridicule. Aujourd’hui, Apple possède plus de 252 milliards de dollars de trésorerie dans ses filiales à l’étranger. Et si elle voulait rapatrier cette somme énorme, elle devait payer quasi 40% sous forme d’impôt (35% au niveau fédéral et environ 5% au niveau local). C’est la raison pour laquelle le patron d’Apple avait indiqué en son temps à Barack Obama, que même s’il l’apprécie, il n’était pas question pour Apple de rapatrier tout cet argent pour qu’il soit ponctionné à hauteur de 40%.

Mais aujourd’hui, grâce à Donald Trump et aux Républicains, l’imposition sur le rapatriement est de seulement 15,5% sur les actifs liquides et de 8% sur les actifs illiquides. En somme, c’est une amnistie fiscale qui ne dit pas son nom. Résultat des courses: Apple a annoncé mercredi 17 janvier qu’elle allait payer 38 milliards de dollars au fisc américain. Nuance tout de même: Apple n’a pas indiqué si elle allait rapatrier les 252 milliards de dollars logés à l’étranger. Avec la nouvelle loi, Apple n’est même pas obligée de rapatrier cet argent: elle doit juste payer l’impôt de 38 milliards de dollars, un point c’est tout. Pour les finances publiques, c’est le pactole! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Apple en a aussi profité pour annoncer qu’elle allait engager 20.000 personnes d’ici 5 ans et investir 30 milliards en investissement sur les 5 prochaines années.

Donald Trump jubile, car Apple n’est pas la seule multinationale américaine à disposer d’une trésorerie en-dehors des États-Unis. Les chiffres cités ici ou là évoquent un pactole de 2.000 milliards de dollars. En d’autres termes, Apple n’est que le canari dans la mine. Si toutes les autres multinationales US se mettent à rapatrier leur argent aux Etats-Unis, les Républicains sont sûrs d’être réélus car ils pourront faire campagne sur l’aspect bénéfique de leur réforme fiscale. Merci à Apple! Et sans doute merci demain à Microsoft ou à Google qui ont également énormément de trésorerie à l’étranger.

Bref, des ennemis comme Apple, je pense que Donald Trump doit se dire qu’il en voudrait plus. En revanche, les historiens écriront sans doute d’ici quelques années que les 38 milliards de dollars payés par Apple au fisc américain auront été le déclic permettant à Trump de briguer avec succès un second mandat. Reste à voir s’il faudra encore dire… merci à Apple?

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