Austérité: “Après huit ans, on peut parler d’acharnement thérapeutique”

Matteo Renzi © AFP

Les politiques d’austérité en Europe échouent depuis huit ans et les poursuivre relève de l’acharnement thérapeutique, dénonce le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, dans une lettre ouverte publiée jeudi dans La Repubblica.

“L’austérité ne suffit pas. Et d’ailleurs les pays qui ont eu de la croissance en Europe y sont parvenus uniquement parce qu’ils ont violé les règles relatives aux déficits” publics, juge-t-il dans cette tribune.

Il cite ainsi le Royaume-Uni et son déficit supérieur à 5% du PIB et l’Espagne, “qui a accompagné sa croissance avec un déficit supérieur à 6%”. Mais aussi le contraste entre une Europe en plein marasme et le dynamisme de l’économie américaine qui a fait selon lui le pari de la “croissance, des investissements et de l’innovation”.

Dans ces conditions, “si des soins ne marchent pas, après huit ans, on peut parler d’acharnement thérapeutique”, dénonce M. Renzi. Il est grand temps que l’Europe fixe une nouvelle direction à sa politique économique. “Parce qu’avec seulement l’austérité, on en meurt”.

Le bouillonnant chef du gouvernement réclame depuis des semaines davantage de flexibilité budgétaire pour mieux soutenir une croissance encore fragile.

Mais ces demandes répétées irritent ses partenaires, à commencer par l’Allemagne et la Commission européenne, qui ne manquent jamais de rappeler que l’Italie a déjà bénéficié dans le passé d’une forme de flexibilité budgétaire en raison des réformes accomplies.

Matteo Renzi ne cesse d’avertir l’Europe qu’elle est condamnée à disparaître si elle ne se réforme pas. Mercredi, il comparait l’UE à l’orchestre jouant sur le pont du Titanic alors que le paquebot sombrait dans l’Atlantique.

Son ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a réuni mardi à Rome ses collègues des six pays fondateurs de la Communauté européenne, devenue depuis Union européenne, pour réfléchir aux moyens de relancer le projet européen à bout de souffle.

Ces six pays (Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, France et Luxembourg) ont signé une déclaration commune dans laquelle ils jugent indispensable de renforcer la gouvernance de la zone euro, et l’intégration européenne, avec ceux des 28 qui y sont prêts.

Dans sa lettre ouverte jeudi, M. Renzi suggère également de procéder à des “primaires” dans le processus de sélection du président de la Commission européenne.

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