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À quoi va ressembler la réforme fiscale de Trump ?

Récemment, Donald Trump a, conformément à ses promesses électorales, soumis au Congrès une profonde réforme fiscale. Mais que contient-elle réellement ? Explications.

Donald Trump n’est, en Europe, guère apprécié et il est même souvent détesté. Il y a quelques bonnes raisons à cela. Entre autres, sa tendance, partagée par l’extrême gauche européenne, au protectionnisme et des slogans du type ” Buy american “, proches du ” Achetez wallon ” que l’on entend parfois. L’idée de construire un mur pour empêcher des émigrés sud-américains d’entrer aux Etats-Unis est aussi une absurdité, tant du point de vue des droits de l’homme, que de l’histoire de ce pays enrichi par des immigrations multiples. Ce n’est toutefois pas une raison pour écarter d’emblée tout projet, simplement parce qu’il émane de Trump.

Récemment, Donald Trump a, conformément à ses promesses électorales, soumis au Congrès une profonde réforme fiscale. Ses propositions sont, pour l’essentiel, les suivantes. Il veut simplifier les lois fiscales américaines qui en ont bien besoin, favoriser fiscalement la classe moyenne, provoquer une croissance de l’économie et créer des millions d’emplois. Il veut aussi réduire l’impôt des sociétés, parmi les plus élevés au monde, pour en faire un des plus bas, après les paradis fiscaux. On notera au passage qu’il s’agit là d’objectifs qui conviendraient parfaitement à la Belgique également, mais, aux Etats-Unis, il n’y a pas de CD&V pour s’opposer à la réforme de l’impôt des sociétés…

Concrètement, il s’agit de réduire le taux d’impôt des sociétés de 35 à 15 %, de ramener de sept à trois les seuils d’imposition à l’impôt des personnes physiques, avec une tranche maximale à 35 % (au lieu de 39,6 %), de doubler la déduction fiscale accordée à tous les contribuables, d’augmenter la réduction d’impôt pour les familles, de supprimer ou de réduire les droits de succession et la taxe pour la santé, tout en supprimant des niches fiscales dont profitent essentiellement les privilégiés.

Les sociétés américaines, comme Apple, qui disposent d’énormes trésors de guerre à l’étranger, subiraient une taxation exceptionnelle, mais à un taux réduit, sur ces actifs, qu’elles pourraient alors rapatrier aux Etats-Unis pour y investir sans subir l’énorme taux d’impôt des sociétés actuel, comparable à celui applicable en Belgique.

Si elles sont adoptées, ces propositions pourraient signifier enfin un recul du rôle de l’Etat après le règne de l’étatisme triomphant, et de l’intervention publique dans de nombreux domaines d’activité, qui a caractérisé les administrations de George W. Bush et de Barack Obama.

Ces mesures n’ont rien de protectionniste. Elles se bornent à éviter que les entreprises américaines conservent artificiellement des fonds à l’étranger, pour des raisons fiscales internes. Elles ne comportent pas, contrairement à ce que s’obstine à affirmer la presse européenne, une ” taxe d’ajustement à la frontière “, qui nuirait aux importations en provenance d’autres pays, et donc aux consommateurs américains.

Si elles sont adoptées, ces propositions pourraient signifier enfin un recul du rôle de l’Etat après le règne de l’étatisme triomphant, et de l’intervention publique dans de nombreux domaines d’activité, qui a caractérisé les administrations de George W. Bush et de Barack Obama. Ce serait clairement différencier le rôle de l’Etat aux Etats-Unis de ce qu’il est en Europe, alors que le prédécesseur de Donald Trump avait tendance à aligner le plus possible la politique américaine sur celle des pays de l’Union européenne.

Il reste néanmoins deux craintes qui doivent être exprimées. D’abord, le texte de l’administration Trump n’est encore qu’un projet, qui doit passer au Congrès. Et l’on sait qu’à ce stade, les lobbyistes sont extrêmement puissants et qu’aux Etats-Unis comme partout, ils sont d’autant plus importants qu’ils défendent les privilèges, comme les niches fiscales, plutôt que des réductions de charges qui s’appliquent à tout le monde. Le succès n’est donc pas garanti à ce stade, puisqu’aux Etats-Unis, les votes ” majorité contre opposition ” sont rares. Le second risque est que les réductions d’impôts annoncées ne s’accompagnent pas de réductions de dépenses de l’administration fédérale. DonaldTrump dit s’attendre à ce que la réforme se financera seule, grâce à l’augmentation d’activité et d’emploi qu’elle engendrera. Cet effet retour devrait sans doute exister mais rien ne permet d’affirmer qu’il compensera entièrement la baisse des recettes prévisibles. Lors de la réforme fiscale de Ronald Reagan, l’activité économique a augmenté fortement, mais cela n’a pas compensé entièrement la réduction des recettes, de sorte que le déficit budgétaire a augmenté. La solution qui s’impose serait de réduire sérieusement les dépenses de l’Etat, mais il est douteux que Donald Trump, qui est populiste et non libéral, accepte de s’y résoudre.

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