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Le marché a déjà dégradé la Belgique

Moins d’un mois avant que l’agence de notation Standard & Poor’s ne mette éventuellement à exécution sa menace de rétrograder notre AA+ (son avertissement date du 14 décembre et elle se donnait alors six mois de réflexion), voilà que Fitch lui vole la vedette en nous infligeant un camouflet du même genre.

Pas moyen, décidément, de sortir du mauvais feuilleton de la dette souveraine européenne ! D’autant que notre pays fut épinglé à son tour lundi dernier. Moins d’un mois avant que l’agence de notation Standard & Poor’s ne mette éventuellement à exécution sa menace de rétrograder notre AA+ (son avertissement date du 14 décembre et elle se donnait alors six mois de réflexion), voilà que Fitch lui vole la vedette en nous infligeant un camouflet du même genre. Identique même, puisque l’agence ne fait que suivre S&P en abaissant à son tour la perspective de la Belgique de stable à négative. Et ceci tout en maintenant pour l’instant le même rating AA+.

Rien n’est donc perdu… fors l’honneur ? A peine : la plus européenne des agences de notation américaines – basée à Londres et New York, elle est contrôlée par le groupe français Fimalac – s’inquiète de nos indispensables réformes structurelles, mais souligne en même temps que la gestion fiscale du pays est à la hauteur de son rating élevé ! L’avertissement peut donc paraître paradoxal, voire inapproprié au moment même où émerge, non un démineur ou conciliateur, mais carrément un formateur. A moins qu’il ne s’agisse précisément d’un coup d’Elio Di Rupo pour faire avancer les négociations ?

Plus sérieusement, force est de constater que l’avertissement de Fitch n’a pas ému le marché : mardi, les taux belges n’ont pas bronché. En irait-il autrement si Fitch et S&P passaient à l’acte en abaissant notre rating d’un cran, à AA ? Ce n’est pas certain. Sans minimiser la portée d’un tel événement, on ne peut s’empêcher d’estimer l’écart actuel entre taux belges et allemands, à savoir 1,2 %, fort élevé. Anormalement élevé même quand on le compare à celui qui prévaut entre l’Allemagne et l’Italie, soit 1,8 %. L’Italie, dont la perspective fut également abaissée de stable à négative lundi, mais des oeuvres de S&P. Or, la dette italienne est notée A+ et se situe donc trois crans en dessous de la dette belge et quatre crans en dessous de l’allemande. Avec 1,2 % de rendement supplémentaire par rapport à l’Allemagne, il n’est pas interdit de penser que la dette belge est déjà affublée d’une note AA et non AA+.

Quoi qu’il en soit, à quelque chose malheur est bon : ces nouvelles tensions sur la dette souveraine européenne ont affaibli l’euro aux alentours de 1,40 dollar. De quoi soutenir le formidable élan exportateur par lequel l’Europe s’est tirée de la crise avec beaucoup plus de vigueur qu’attendu. Ce repli doit du reste être bien compris : la devise unique valait moins de 1,35 dollar en début d’année. Et si elle a connu des sommets à 1,50 dollar en novembre 2009 et même à 1,60 dollar en avril 2008, sa moyenne des cinq dernières années pointe à moins de 1,38 dollar. Durant les cinq premières années de son existence, cette moyenne fut de l’ordre de 1,10 dollar à peine. C’est dire à quel point le niveau actuel de l’euro, visiblement peu pénalisant pour la croissance économique de la zone, témoigne d’une formidable amélioration de sa productivité face aux Etats-Unis.

Du moins ce constat vaut-il pour l’Europe du Nord. On sait qu’il ne vaut pas pour l’Europe du Sud, où la compétitivité s’est au contraire dégradée dans une proportion dramatique. La crise de la dette souveraine dans les pays du Sud n’est pour l’essentiel que la résultante d’une Europe à deux vitesses sur le plan économique. C’est bien pourquoi les économistes soulignent que cette crise ne pourra se résoudre que par des réformes structurelles.

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