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L’immobilier a eu raison du tigre celtique

L’Irlande a souvent été citée comme un modèle économique au cours des dernières années. Voilà un pays qui n’était nulle part avant 1985 et qui, depuis, a mis les bouchées doubles pour rattraper son retard. Avec brio puisqu’il a fini par afficher une croissance de plus de 5 % entre 1985 et 2002. Un miracle qui a suscité beaucoup d’admiration et qui a amené plusieurs parlementaires et ministres belges à se rendre sur place pour tenter d’en comprendre les raisons.

L’Irlande a souvent été citée comme un modèle économique au cours des dernières années. Voilà un pays qui n’était nulle part avant 1985 et qui, depuis, a mis les bouchées doubles pour rattraper son retard. Avec brio puisqu’il a fini par afficher une croissance de plus de 5 % entre 1985 et 2002. Un miracle qui a suscité beaucoup d’admiration et qui a amené plusieurs parlementaires et ministres belges à se rendre sur place pour tenter d’en comprendre les raisons.


Avec l’éclatement de la crise, beaucoup se rendent compte aujourd’hui que ce miracle n’en était pas un. Le tigre celtique, c’est ainsi que l’on surnommait l’Irlande, n’est peut-être en réalité qu’un tigre de papier. Comme en Espagne, le pays a beaucoup misé sur un produit extrêmement explosif : l’immobilier. Pour la seule année 2006, l’Irlande, qui ne compte que quatre millions d’habitants, a construit 90.000 maisons alors que la Grande-Bretagne (60 millions d’âmes) en a bâti à peine le double. Cherchez l’erreur !

Cette erreur, certains ont fini par mettre le doigt dessus. Elle a même fait l’objet d’un livre qui explique l’origine de la débâcle économique irlandaise. Au pilori, le gouvernement qui a incité ses citoyens à acheter de l’immobilier grâce à de nombreux avantages fiscaux. Les propriétaires pouvaient, par exemple, bénéficier de très importants dégrèvements fiscaux sur les loyers perçus en cas de location de leur(s) bien(s). Conséquence : une véritable frénésie s’est emparée des Irlandais. Pour éviter de payer des impôts, ils se sont mis à acheter un bien, puis un deuxième, puis un troisième. Ils l’ont fait d’autant plus facilement que le message général était : “Allez-y, investissez dans la brique ! L’immobilier en Irlande ne cesse de croître, 30 % par an, il n’y a donc aucun risque. De plus, les taux d’intérêts sont faibles. Quant aux loyers, ne vous en faites pas, l’Irlande attire beaucoup d’étrangers grâce à sa croissance, vous n’aurez donc aucun mal à trouver des locataires.”

Il n’en fallait pas plus pour faire fantasmer des dizaines de milliers d’Irlandais, aujourd’hui dans l’impasse. Avec la crise, les taux d’intérêts ont flambé et le marché immobilier local s’est effondré. Les maisons et les appartements ont perdu environ un tiers de leur valeur. Les Irlandais se voient ainsi contraints de rembourser des emprunts plus lourds que la valeur réelle de leur bien. Des années seront nécessaires pour rétablir la situation.

Comme l’écrivait le quotidien L’Echo, les Irlandais ont eu les yeux plus gros que le ventre. Personnellement, je pense qu’une autre leçon peut être tirée de tout cela. On a beaucoup tiré à boulets rouges sur les banquiers, avec raison, mais beaucoup de gouvernements ont également été complices de l’aveuglement général. En 2000, un rapport officiel avait déjà alerté les autorités irlandaises du danger de subsidier l’immobilier par le fisc. Elles ont fait la sourde oreille… pour remporter les élections. Un achat d’électeurs qui se traduit aujourd’hui par un drame économique sans précédent.

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