Emprunter pour des briques

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Faut-il se hâter de contracter un crédit hypothécaire ou est-il préférable d’attendre encore un peu ?

Nous avons demandé conseil à deux économistes. “Le taux hypothécaire est historiquement faible actuellement”, énonce Johan Van Gompel de la KBC. “Je déconseille donc aux contribuables de reporter encore l’achat de la maison de leurs rêves. Si vous attendez une correction des prix immobiliers avant d’agir, vous risquez de devoir finalement payer davantage d’intérêts sur votre emprunt.”

Johan Van Gompel prévoit une augmentation du taux belge à 10 ans de 1,8 % aujourd’hui à 2,6 % à la fin de l’an prochain. Il commente : “Traditionnellement, le taux long européen suit le taux américain. Le taux long américain est déjà en train de prendre de la hauteur parce que la situation économique s’améliore. Cette hausse trouvera également écho dans le taux hypothécaire belge.”

Peter Vanden Houte, d’ING, nuance quelque peu cette affirmation : “Le taux sur les crédits hypothécaires traîne depuis un an environ autour de son plancher et je ne prévois pas de hausse substantielle au cours des mois à venir. En d’autres termes, il n’y a aucune hâte à contracter un emprunt hypothécaire.”

Les deux économistes sont cependant d’accord sur un point : le taux hypothécaire ne peut plus baisser. La grande inconnue de l’équation est plutôt l’orientation que les prix immobiliers sont appelés à prendre. Or les économistes ne se hasardent pas à faire de prévisions à cet égard.”

“Ces dernières années, le taux en baisse a permis à une plus grande proportion de personnes d’emprunter, précise Peter Vanden Houte. Les banques ont également octroyé de plus en plus de prêts à 30 ans. Plus l’échéance est longue, plus le nombre de personnes pouvant accéder à l’emprunt est grand. La Banque nationale a cependant tiré le frein dernièrement et averti les banques qu’elles devaient réduire l’échéance des emprunts pour limiter les risques.”

Par ailleurs, l’économiste s’interroge sur la fiscalité. “Le bonus logement a considérablement accru la capacité d’emprunt de l’acheteur moyen. L’avantage fiscal devrait être maintenu jusque fin 2014. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra ensuite de ce bonus. Qui plus est, les revenus locatifs pourraient être imposés différemment à l’avenir. Le fossé entre les revenus réels et le revenu cadastral s’est en effet trop largement creusé ces 20 dernières années.”

Johan Van Gompel n’exclut pas que les prix de l’immobilier baissent de 5 % au cours des prochaines années. “On note une légère survalorisation du marché, énonce-t-il. Selon certains critères, cette survalorisation atteindrait même 40 à 60 %, mais cette dernière estimation ne tient par exemple par compte des taux hypothécaires historiquement faibles. Je ne valide pas le scénario d’un krach mais une légère correction des prix immobiliers serait souhaitable afin d’éviter la formation d’une bulle sur le marché immobilier.”

Plusieurs éléments soutiennent par ailleurs les prix des maisons et des appartements. Johan Van Gompel détaille : “Au cours des 10 dernières années, un glissement s’est opéré à partir des patrimoines financiers vers l’immobilier. Divers facteurs ont facilité cette évolution : l’amnistie fiscale, la contre-performance des actions… L’immobilier constitue désormais un marché d’investissement. Il se pourrait que les prix augmentent encore pendant quelque temps en Belgique, si ce glissement se poursuit.”

Peter Vanden Houte ajoute que le revenu disponible des Belges est appelé à augmenter légèrement au cours des années à venir, à mesure que la situation économique s’améliorera. Il suppose que les prix de l’immobilier s’accroîtront parallèlement à l’inflation ou baisseront légèrement en termes réels.

ILSE DE WITTE

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