Des kots de luxe aux kots à bas prix, le logement étudiant à la loupe

© ISOPIX/Johanna de Tessières

Salle de sport, de détente, sanitaires privés… Les kots ont bien changé depuis quelques années. Fruits de partenariats avec les universités ou d’initiatives de sociétés immobilières, des “kots de luxe” ont vu le jour dans les principales villes universitaires francophones du pays. Elles attirent des étudiants en recherche de confort. En parallèle, les kots à bas prix mis à disposition par les universités elles-mêmes partent comme des petits pains, en raison de leur loyer modéré mais aussi de leur proximité des campus.

“Des kots fleurissent à Namur pour un loyer de 500 euros (qui offrent) plein de services”, témoigne Vincent Bourtembourg, responsable du service logements de l’Université de Namur. “Avant, il n’y avait que des résidences strictes et monacales. Maintenant, elles se développent avec des salles de sport, de détente, etc. Les étudiants peuvent se rencontrer, c’est plus convivial. Cela favorise les études et les rapports sociaux”, ajoute Bénédicte Lampin, responsable de l’Office du logement et chargée du développement du logement à l’Université libre de Bruxelles (ULB).

Cette évolution, vers des résidences plus confortables et donc plus chères, est constatée dans les principales villes universitaires francophones du pays. Un changement vu positivement. “C’est bienvenu parce que ces résidences de luxe, en présence limitée, répondent à une demande”, explique Vincent Bomal, directeur du service des logements de l’Université catholique de Louvain (UCL).

Pour Bénédicte Lampin, cet apport du privé “permet de lever la pression foncière et donc de donner du temps pour développer d’autres logements”. Car s’il n’existe pas de pénurie en logements étudiants, la plupart des universités constatent une forte pression sur les kots à loyer modéré qu’elles mettent à disposition de leurs étudiants.

Les logements confortables “répondent à une demande qui n’était pas couverte auparavant”, observe le fondateur et gestionnaire du site web BruKot, dédié à la recherche de kots. Cette demande de confort se répercute aussi sur les kots plus classiques, surtout à Liège qui dispose d’une offre privée excédentaire. “Quand un logement n’a pas un bon rapport qualité-prix, il doit s’adapter. (…) C’est un peu grâce aux résidences qui ont mis un coup de pied dans le marché.”

Résidences-services

Génération Campus, de la société immobilière Eckelmans, met à disposition ce type de logements, à Louvain-la-Neuve, Woluwe, Liège et Namur. Elle totalise 3.000 logements, qui ne sont pas tous des kots de luxe. Bien souvent, la société travaille en partenariat avec les universités, demandeuses de places supplémentaires.

Génération Campus a commencé à construire des “résidences-services”, plus confortables, en 2008, explique Hélène Cambier, responsable communication de la société. “Cela vient initialement d’une demande de la part des étudiants mais aussi des parents. On sentait qu’on devait aller dans ce sens”, raconte-t-elle. Il s’agit de logements privatifs (studios) avec à disposition des espaces communs, de rencontre. Il existe aussi des studios deux personnes.

Résidences services plus “luxueuses” obligent, le loyer minimun atteint 350 euros, toutes charges comprises, pour des logements partagés. Pour un logement privatif, il faudra débourser au moins 500 euros, toutes charges comprises.

Outre le besoin de confort, la sécurité de ces résidences attirent les étudiants et surtout les parents. “Nous avons une grande population d’étudiants français dans nos logements et les parents ont d’autres exigences étant donné qu’ils sont loin de leurs enfants”, souligne Hélène Cambier.

Autre critère des étudiants: la proximité des campus. “Les étudiants refusent de marcher… même un quart d’heure”, affirme Joëlle Tilmant, à la direction des affaires étudiantes de l’Université de Mons.

Logement intergénérationnel

A côté de ces kots plus classiques, des alternatives existent, comme le logement intergénérationnel. L’ASBL Un toit deux âges, créée en 2009, met en relation des étudiants et des seniors. Ces derniers désirent être accompagnés essentiellement pour des raisons de sécurité et de solitude, explique Peggy Dubar, responsable des relations presse de l’association. Pour les étudiants, l’attrait principal du logement intergénérationnel est qu’ils ne vivent pas seuls. “Ils aiment l’idée d’être accueillis. Ils se sentent comme s’ils étaient chez leurs grands-parents.”

L’ASBL fournit un logement à 250 étudiants à Bruxelles et à une centaine en Wallonie. Depuis sa création, elle a créé plus de 1.000 binômes.

Deux formules existent, la “classique”, la plus prisée, accessible pour 300 euros en moyenne. L’étudiant est alors libre de son emploi du temps. La formule “services” est, elle, fixée à un loyer de 180 euros par mois. L’étudiant doit, en échange, rendre 5 heures de services par semaine. “Cela permet à des seniors de rester chez eux le plus longtemps possible.”

Un toit deux âges constate chaque année une croissance de 30% de ses logements. “Les chambres proposées sont un lieu idéal pour étudier. On a la garantie que la chambre sera plus grande que dans des kots classiques. Aussi, le calme sera au rendez-vous. C’est une ambiance très studieuse et très chaleureuse.” Autre avantage: les chambres sont souvent à proximité de l’université.

Cette formule ne peut toutefois convenir à tout le monde. “C’est financièrement avantageux mais il faut en avoir envie, le choisir”, insiste Peggy Dubar.

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