Take Eat Easy, c’est fini

© http://www.takeeateasy.be

Après plusieurs mois à chercher des fonds, la start-up belge jette l’éponge et se place en redressement judiciaire.

Ce soir, les habitués de la livraison de repas à domicile n’auront plus autant de choix. Ils ne pourront plus commander sur la plateforme Take Eat Easy qui vient de fermer, car la start-up belge se place malheureusement en redressement judiciaire. Effroi sur la planète “Betech” alors que la jeune pousse bruxelloise avait levé l’an passé pas moins de 16 millions d’euros auprès de fonds de renom comme Rocket Internet ou DN Capital.

Que s’est-il passé ?

Depuis un an, Take Eat Easy s’est engouffré dans une course face à de gros concurrents comme Deliveroo, Foodora ou Just Eat. La livraison de repas est un créneau très hot… mais hyper concurrentiel où la course aux parts de marché est primordiale. Take Eat Easy s’est développée dans 20 villes en France et partout en Europe. Il était évident que Take Eat Easy dépensait beaucoup d’argent. Entre les salaires de son personnel (160 personnes), des dépenses marketing importantes (publicités dans le métro parisien, sur les trams, des vouchers…) et un réseau de coursiers à financer, la firme était, comme beaucoup de start-up en forte croissance, en cash-flow négatif. Très négatif.

Or ces derniers mois la start-up tentait de lever des fonds. Mais il semble que les actionnaires actuels n’aient plus voulu continuer l’aventure, même pas pour un “petit” tour de suivi. Trop coûteux semble-t-il dans un marché où la concurrence était féroce… et plus grosse. Alors que Take Eat Easy avait levé 16 millions… son concurrent anglais Deliveroo avait levé 10 fois plus.

Que des actionnaires comme Rocket Internet et DN Capital ne suivent pas leur propre investissement de plusieurs millions d’euros voici moins d’un an (!) surprend, mais peut s’expliquer de différentes manières. Soit ils estiment que la concurrence est vraiment trop forte et qu’injecter plusieurs dizaines de millions se révèle trop risqué. Surtout à l’heure où Uber étend son propre service de livraison UberEats un peu partout en Europe. Soit, les actionnaires estiment que l’équipe n’a pas réalisé certains objectifs.

Or, il semble que l’équipe belge a rondement mené sa barque. Certes, Take Eat Easy s’est un temps lancé en Allemagne avant de s’y retirer, mais elle opérait (jusqu’à aujourd’hui) en Espagne, à Londres, dans de nombreuses villes françaises, etc. Comme l’écrit Adrien Roose, le CEO, “sur les 12 derniers mois, nous sommes passés de 10 à 160 personnes, de 2 à 20 villes et sommes passés de 450 restos partenaires à 3.200… sans oublier le nombre de clients passés de 30.000 à 350.000 clients”. Un développement coûteux, mais remarquable en termes d’exécution.

Dès octobre 2015, Take Eat Easy s’était lancée à la recherche de fonds. Mais la levée de fonds de son concurrent Deliveroo (70 millions en juillet 2015 et 100 millions en novembre 2015) et l’investissement de Rocket Internet dans Foodora n’a pas aidé la recherche de fonds. Take Eat Easy a discuté avec pas moins de 144 Venture Capitalists, selon Adrien Roose. En mars 2016, la start-up s’est lancée dans des discussions exclusives avec “un groupe logistique public français (NDLR, La Poste française) en vue d’un investissement de 30 millions d’euros”. Mais en juin 2016, le board de ce grand groupe a rejeté le deal… Or de l’aveu du CEO de la start-up… elle n’avait pas de plan B ! Les 8 dernières semaines n’ont pas permis aux fondateurs de trouver du financement. La start-up belge n’a pas non plus réussi à se vendre et, en manque de cash, se voit dans l’obligation de demander un redressement judiciaire. La plateforme vient tout juste de fermer ses portes, ce qui signifie que, jusqu’à nouvel ordre, les coursiers ne monteront plus sur leur vélo.

Le communiqué de Take Eat Easy diffusé sur le site internet ce mardi (en anglais) :

The right words to say goodbye

It’s over. And the more I think about it the more I find myself stuck trying to find the right words.

The truth is, we have put so much love and effort into this adventure, giving everything we could for the past four years, it’s hard to find the right words to describe an ending that today still seems unreal.

Because it’s the end of a beautiful story, for the four co-founders, who have “learned by doing” every single trick there is to know about operating an on-demand food delivery business, but also for the full Take Eat Easy team.

In the past year, our team grew from 10 to 160 people, all of which were incredibly passionate about our core business. Whether it’d be the food, the marketing, the logistics, the tech or the product, every single individual who joined this tremendous journey has put their whole heart into it.

And it was one hell of a journey, like you wouldn’t believe.

Another thing that you might now find hard to believe, and also the main reason those words are getting stuck as I’m trying to lay them down onto this keyboard, is that we were truly good at what we were doing.

We didn’t know anything when we launched. Every single mistake we could have done, we did. And by doing so, we learned what mattered to our customers, what mattered to our partner restaurants and couriers, what we were doing wrong and should stop immediately, and what we were really good at, and should push even further.

Just writing this is in the past tense is killing me right now.

Tech, branding, logistics, sales, account management, operations, fund raising… we didn’t know any of it when we launched almost four years ago.

Yet we have managed in a few years to become the top restaurant delivery business in both France and Belgium, to pioneer bicycle food delivery in Europe, to be the most qualitative and preferred restaurant delivery brand in the cities we operate in and to deliver in record timings from the most wanted restaurants you can find across Brussels, Paris, Madrid, London and so many more cities… overall covering 20 cities in Europe.

Last week we reached a million deliveries. And yet today we are filing for juridical restructuring.

In the past year, we have reached a 30% monthly growth, hit over a million delivery, scaled our restaurant partnerships from 450 to 3200 and our customer base from 30,000 to 350,000.

And yet today we are filing for juridical restructuring.

The reasons are that 1) our revenue doesn’t cover our costs yet, and that 2) we haven’t been able to raise a third round of funding. Adrien, our CEO, has explained this in details here.

We have launched Take Eat Easy because we felt there should be something more to the food delivery industry. We have launched Take Eat Easy out of a genuine belief that we could make your life more convenient, all the while making it taste better. We have launched Take Eat Easy out of passion, for on demand-technology, great food and even greater service.

We could never thank you enough for your love, support and the million deliveries we have been able to make thanks to you.

Sincerely,

Chloé Roose, co-founder

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