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La dictature de la transparence, notre nouvelle servitude

Il y a des livres qui sont salutaires, c’est le cas de “Mortelle transparence”, un livre co-écrit par un juriste et un homme de médias.

Dans ce livre, ils fustigent les travers de notre époque, des travers exacerbés par les réseaux sociaux. C’est pourquoi, dans ce livre, ils ont souvent recours à des expressions très dures comme “soft totalitarisme” ou “dictature de la vertu”, voire “tribunal du buzz” ou encore “tyrannie de la majorité”. Si cela semble exagéré, mais après lecture, cela devient limpide.

Interviewé par le Figaro, l’un des deux auteurs prend le cas du foin fait autour de deux ministres en France, surtout le plus célèbre des deux Nicolas Hulot. Que fait la société numérique d’aujourd’hui ? Elle ressort une histoire vieille de 20 ans, qui a donné lieu à un classement sans suite, et voilà que du jour au lendemain, les personnes concernées se retrouvent déférées devant le “tribunal du buzz”, sans avocat et sans procédure. La réputation des personnes concernées est ruinée, peu importe que ce soit vrai ou faux. Et le pire, c’est que ces personnes n’ont plus droit à l’oubli, car Google garde tout en mémoire.

Tant que cela arrive à des célébrités, le public n’en a cure. Mais si demain c’était vous ? Si c’était moi ? Le pire, nous disent les deux auteurs de ce livre décapant, c’est que nous avons décidé d’être nus face à Google, Facebook, Apple ou Amazon. Pourquoi ? Parce que nous ne nous focalisons que sur les avantages apportés par ces géants du Net: trouver les réponses à nos questions, s’amuser avec des applications, faire du shopping à minuit, etc.

Mais en nous focalisant uniquement sur la lumière, nous oublions la part d’ombre de notre société numérique. Exemple cité par l’un des auteurs: “Nous sommes heureux que les données de notre montre connectée soient susceptibles de nous prévenir d’un AVC – bien, très bien même -, mais nous oublions que ces mêmes données pourront être transmises, demain ou après-demain, à notre employeur ou notre assureur et être utilisées contre nous !”

Nous pensions que nous avions le droit à l’erreur… Eh bien, c’est faux. L’oubli n’existe plus

Même chose pour notre passé. Nous pensions que nous avions le droit à l’erreur, qu’une faute de jeunesse n’était pas un obstacle à une carrière. Eh bien, c’est faux. L’oubli, dans la société numérique, n’existe plus. Une phrase malheureuse, une manifestation d’étudiant ou une photo compromettante nous reviennent comme un boomerang, car ces infos et photos sont stockées à jamais sur la Toile ! Et elles peuvent surgir à tout moment pour briser une vie ou une carrière.

En fait, la thèse de ce livre, c’est que la foule anonyme des réseaux sociaux veut tout savoir sur tout. C’est une nouvelle servitude, avec le doux visage du progrès moral, alors qu’en réalité, c’est une nouvelle dictature de la transparence. Je vous laisse lire ce livre et juger par vous-même si ces propos sont outranciers… ou au contraire salvateurs.

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