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Comment Facebook compte balayer rumeurs et autres théories du complot
C’est une information étonnante mais vraie: sur les réseaux sociaux, 6 personnes sur 10 partagent un article sans même l’avoir lu, ne serait-ce que superficiellement. Voici les raisons et le danger de ce genre de pratique pour notre démocratie à long terme.
Cette information ne va pas redorer le blason des réseaux sociaux et en particulier celui de Facebook. Un gag et une étude ont démontré que 6 personnes sur 10 partagent un article sans même l’avoir lu. La blague qui l’a démontré est simple : les auteurs d’un site américain The Science Post ont publié un article où seul le premier paragraphe était correctement rédigé et tout le reste l’était dans une sorte de sabir incompréhensible, que les graphistes connaissent sous le nom de”lorem ipsum”.
Le drame, c’est que cet article a été partagé 48.000 fois ! Pour s’assurer que cette blague de potache n’était pas un cas isolé, des chercheurs de l’université Columbia et un chercheur français, Arnaud Legout, sont arrivés à la même conclusion désastreuse, à savoir que 59% des URL présentes sur Twitter n’auraient jamais été cliqués.
Savoir qu’aujourd’hui encore, 6 personnes sur 10 partagent un article sans l’avoir lu est une mauvaise nouvelle pour la démocratie.
Il s’agit donc bien de contenus qui n’ont jamais été lus même superficiellement. Ce chiffre effrayant montre comment la consommation d’information se fait aujourd’hui. En clair, les citoyens préfèrent partager un article que de le lire. Arnaud Legout en arrive même à dire que c’est “typique de la consommation de l’information moderne. Les gens se font une opinion basée sur un résumé ou un résumé de résumés, sans faire l’effort d’aller plus loin”. En fait, on pourrait même penser que les gens qui transfèrent l’information sans l’avoir lue sont en réalité eux-mêmes dans un monde de non-information.
Ce phénomène est également le résultat de l’activité de sites d’informations de type BuzzFeed qui joue sur une titraille très accrocheuse pour générer des clics. Une technique qui marche tous les jours, même si après avoir cliqué sur un titre accrocheur, on se rend compte qu’on s’est fait avoir, car le contenu de l’article est pauvre, très pauvre. Heureusement, Facebook est conscient de ce dérapage et a mis en place, depuis quelques jours, un algorithme qui va partir à la chasse de ce genre d’article au titre accrocheur et dont l’unique but est de générer des clics. Mais en attendant, savoir qu’aujourd’hui encore, 6 personnes sur 10 partagent un article sans l’avoir lu est une mauvaise nouvelle pour la démocratie. C’est le meilleur moyen hélas de propager des rumeurs ou des théories du complot et donc de tordre le cou à la vérité ou à la réalité.
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