Cap sur la connectivité

Comme tous les ans, le gratin de l’électronique grand public s’est réuni à Las Vegas en janvier pour partager tendances et nouveautés qui feront le numérique de 2014. Cette année, on peut parler d’édition charnière pour les généralistes du domaine, cherchant des relais de croissance dans des domaines qui ne sont pas les leurs a priori… et où de petits acteurs font nettement mieux ! Petit tour d’horizon de cette édition.

Le Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, qui vient de s’achever, est un événement incontournable de l’année numérique. Concentrant le gros des annonces des constructeurs, ce premier rendez-vous préfigure ce que sera l’année en termes de nouveaux produits, de tendances mais aussi de marchés. Dans un secteur qui n’est globalement pas en grande forme suite à l’écroulement du marché des téléviseurs en 2012, ce salon titanesque est en bonne santé, avec 152.000 visiteurs et 3.300 exposants, des chiffres sensiblement identiques à ceux de l’année dernière. Et malgré la météo désastreuse ayant empêché pas moins de 10 % des visiteurs qui transitaient par le nord-est des Etats-Unis de se rendre sur le salon, on se presse toujours autant dans les immenses allées du Convention Center et il faut toujours arriver une heure à l’avance si on veut espérer avoir une place dans la moindre conférence de presse. Bref, si c’est la crise, on ne la sent pas trop sur place. Le salon s’est même agrandi de 10 % par rapport à l’année dernière. Pourtant, toutes les nouvelles ne sont pas bonnes. Ecrans plats : du sushi à se faire… Traditionnellement, la télévision se taille la part du lion des nouvelles annonces. Cette année encore, l’événement a été riche en nouveautés avec en premier lieu la généralisation des écrans incurvés. Tous les constructeurs en présentaient ou presque. Chez LG et Samsung, on pouvait même voir des écrans flexibles, que l’on peut incurver d’une simple pression sur un bouton de télécommande. Incroyable, parfaitement inutile, certes, mais tout de même impressionnant. L’autre nouveauté concerne la très haute définition, dénommée 4k, ou Ultra HD. Ces téléviseurs disposent de quatre fois plus de pixels que les téléviseurs Full HD que nous connaissons et avec l’établissement, enfin, des normes de connexion (HDMI 2.0) et de télédiffusion (HEVC), la voie est désormais libre pour les constructeurs.

Les démonstrations sont saisissantes avec une profondeur de champ incroyable.

Mais ces annonces ne sauraient cacher les difficultés du secteur, avec encore cette année une contraction à deux chiffres du marché. Surtout, le CES acte cruellement le glissement de la puissance industrielle du Japon vers la Corée en matière d’écran plats. C’est peu dire que les constructeurs nippons sont à la peine. Selon DisplaySearch, Sony, premier constructeur japonais était quatrième fabricant mondial d’écran LCD, derrière Samsung, LG et TCL sur la première moitié de l’année 2013 avec 6,7 % en valeur. Sur le salon, les marques japonaises sont en franc décalage avec leurs consoeurs.

Panasonic présentait par exemple un écran OLED incurvé, pour dire finalement qu’il ne l’introduirait pas sur le marché car le LED avait encore une bonne marge de progression technique, alors même que c’était une technologie de second choix pour le constructeur par rapport au roi plasma jusqu’à son abandon fin 2013 ! Chez Sharp, on se concentre clairement sur le B to B. Sony, après avoir présenté à l’IFA un écran LED courbe pour nous dire qu’il ne l’introduirait pas chez nous parce que ça n’avait pas de sens, était au CES le seul constructeur à ne pas mettre l’accent sur cette technique.

Bref, la puissance est définitivement en train de glisser vers la Corée, en attendant qu’elle ne glisse plus loin. Ironie du sort, les fabricants coréens se plaignent déjà de ces constructeurs chinois qui cassent la valeur de leurs écrans Ultra HD et leurs marges bénéficiaires avec des prix inférieurs de 70 %. Certes, la qualité d’image n’est pas la même, mais la destruction de valeur est souvent un signe d’un futur glissement de puissance industrielle.

Car après tout, c’est ce qu’a fait la Corée avant la Chine et le Japon avant la Corée, on a trop tendance à l’oublier. En 1969, le japonais Seiko dévoilait sa montre à quartz Astron, fiable et bon marché, et déclenchait “la crise du Quartz”, annihilant consécutivement les parts de marché des horlogers suisses au cours des années 1970.

L’objet connecté en relais de croissance ? Du coup, il n’est pas étonnant de voir les grands groupes généralistes s’inviter dans des domaines qui leur étaient inconnus jusqu’ici. Au CES, on pouvait par exemple trouver une raquette de tennis connectée chez Sony ou un bracelet de santé connecté chez LG. Du reste, la santé connectée est l’un des grands thèmes de cette année. Près de 10 % des exposants travaillent dans ce domaine. On assiste à une prolifération d’accessoires mesurant notre activité physique au quotidien. Des acteurs légitimes sur le marché, comme Fitbit ou Withings par exemple, côtoient désormais les LG, Sony ou même Razer. Ces petits bracelets couplés à une application sur smartphone formulent des recommandations pour bouger plus et mieux. Sympa, malin… mais quid de la durée de vie de ce gadget sur le terrain ?

Autre secteur de croissance, la maison intelligente : si jusqu’ici la domotique était réservée à une élite d’installateurs de haute volée, la simplification des protocoles informatiques comme le Bluetooth étend aujourd’hui la connectivité à des objets inattendus. On peut désormais pour une trentaine d’euros contrôler la température d’éclairage de son salon grâce à une ampoule connectée ou mesurer sa consommation électrique depuis son smartphone grâce à une prise intelligente. Idem pour la musique avec la simplification des systèmes de diffusion “multi-pièces” (ou multiroom), à configurer depuis une application sur tablette. Même les bébés sont connectés grâce à Intel (lire en pages suivantes)! Le domaine des montres intelligentes revient aussi à un peu plus de raison. Exit les grosses montres au look de lave-vaisselle ! Beaucoup de constructeurs privilégient désormais une approche plus élégante et traditionnelle de l’horlogerie 2.0 et c’est tant mieux !

En revanche, on attendait des nouveautés au rayon smartphone mais à part quelques renouvellements de produits ici ou là, pas de grosse révolution dans le domaine. Il faudra sans doute attendre le Mobile World Congress du 24 au 27 février pour les grosses annonces. Inutile de dire que rendez-vous est déjà pris !

Benoît Dupont

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