Un leader mondial de la robotique en Belgique ? (vidéo)

Tommy Deblieck et Fabrice Goffin, cofondateurs de Zora Robotics. © PG

La firme belge Zora Robotics développe des logiciels pour robots humanoïdes de service. Elle a déjà convaincu Softbank Robotics, fabricant japonais leader du secteur, avec qui elle a signé un contrat d’exclusivité cet été. Et ses fondateurs espèrent devenir le “Windows” de la robotique…

La Belgique, leader mondial dans l’univers des robots ? Quand on entend Fabrice Goffin et Tommy Deblieck, les deux cofondateurs de la société Zora Robotics (plus familièrement appelée Zorabots), on peine à le croire. Pourtant, ils l’affirment haut et fort ” Zorabots est actuellement le leader mondial dans le développement de logiciels pour robots humanoïdes “. Et à y regarder de plus près, on voit en effet que la firme située à Ostende s’est déjà fait un nom dans le milieu des robots humanoïdes. En témoigne l’étonnant contrat d’exclusivité que la firme belge a signé cet été avec le géant japonais Softbank qui prévoit l’intégration du logiciel ostendais dans ses robots. Une sacrée reconnaissance pour Zorabots qui se voit, d’ici quelques années, en Microsoft de la robotique humanoïde.

En visite chez Zorabots:

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L’histoire commence en 2011. A l’époque, Fabrice Goffin et Tommy Deblieck, deux amis actifs, à l’époque, dans le secteur immobilier à Dubaï, achètent l’un des premiers exemplaires du robot Nao créé par la start-up française Aldebaran. Ils rêvent de le proposer dans le secteur hôtelier pour dynamiser et égayer l’accueil des visiteurs. Mais le défi n’est pas simple. Le secteur hôtelier n’est pas prêt et n’adhère pas franchement à l’idée. Il n’est pas le seul : les banquiers que les deux entrepreneurs vont rencontrer les prennent pour des fous et des geeks illuminés.

Mais le duo continue de croire contre vents et marées à son idée. Et l’intérêt grandissant pour les robots à forme humaine que développe Adelbaran commence à jouer. Le partenariat signé entre la firme français et la belge semble d’ailleurs transformer, dans les yeux des observateurs, la folie du duo en… coup de génie. ” Tout à coup, on nous a pris pour des visionnaires “, sourit, un brin ironique, Fabrice Goffin, co-CEO de Zorabots. Dans un premier temps, les robots d’Adelbaran (baptisés Nao et Pepper) que Zorabots ” dopait ” avec son logiciel sont entrés dans les hôpitaux et les maisons de retraite. Ils sont devenus des compagnons de jeu pour les personnes âgées ou des personnes en situation de revalidation. Le robot est, par exemple, utilisé pour organiser des séances de gym et donner des indications sur les mouvements. Les robots sont entrés ensuite dans d’autres secteurs, comme le commerce (pour accueillir les visiteurs dans les magasins, par exemple) ou l’événementiel. Et la reprise de la start-up française Aldebaran par le japonais Softbank, en 2015, n’a pas freiné les développements de Zorabots.

Devenir le “Windows” du robot

Concrètement, aujourd’hui, les activités de la jeune pousse ostendaise s’articulent autour de divers secteurs. D’abord, elle développe un logiciel pour les robots humanoïdes (lire ” Pas encore d’intelligence artificielle ” plu bas). Ce logiciel peut être intégré par les fabricants de robots à leurs produits. C’est dans ce cadre-là que Zorabots et Softbank travaillent main dans la main. D’une part, la firme belge peut vendre les robots Softbank dans lesquels elle intègre son logiciel tandis que dans certains pays, Softbank se charge elle-même d’intégrer la solution Zorabots dans ses produits. D’autre part, la société belge a obtenu l’agrément – rare – de pouvoir assurer le service après-vente des robots Softbank pour de nombreuses régions du monde… depuis Ostende. Mais le logiciel Zora n’est pas exclusivement destiné aux robots humanoïdes du géant japonais, même s’il constitue son plus beau contrat à l’heure actuelle. D’autres fabricants se montrent intéressés de l’intégrer dans leurs créations.

Enfin, Zorabots s’apprête à commercialiser son propre robot. Baptisé Billy Billy, il s’agit d’un… pot de fleurs intelligent. Son marché ? Les personnes âgées à qui le robot peut tenir compagnie, donner certains conseils (boire de l’eau, prendre un médicament) et lire des SMS. Bien sûr, la robotique de service n’en est encore qu’à ses balbutiements. Mais la firme belge est en train de prendre une place importante sur un marché qui, jusqu’ici, a tardé à se développer mais commence à frémir. La robotique de service n’est pas encore très développée mais elle pourrait exploser. ” On veut vendre le maximum de logiciels. Comme ça, les gens sont habitués à notre technologie. Un peu comme Microsoft l’a fait, illustrent les deux fondateurs de Zorabots. On a quelque chose que personne d’autre n’a ! “

Est-ce la séance de gym de Nao qui déclenche l'hilarité des pensionnaires de ce home ?
Est-ce la séance de gym de Nao qui déclenche l’hilarité des pensionnaires de ce home ?© PG

Les 5 millions du copain de Marc Coucke

Le business model de l’entreprise aujourd’hui ? Il vient essentiellement de la vente de robots et les licences de logiciels. Un Nao tout équipé (robot, logiciel, service) coûte environ 15.000 euros. En 2016, la firme a généré un chiffre d’affaires de moins de 2 millions, mais il s’élève, d’après les fondateurs de Zorabots, à 3 millions sur la première partie de 2017. La firme, fondée voici quatre ans avait reçu en début d’année une offre d’investissement par un acteur chinois. Ce dernier avait proposé 10 millions d’euros pour prendre une participation majoritaire dans Zorabots. Mais la start-up a réussi à rester belge grâce à l’intervention de Bart Versluys (le compère de Marc Coucke) qui y a investi personnellement 5 millions d’euros pour acquérir 25 % de la firme.

Il semble que les fondateurs continuent encore de recevoir des sollicitations. Un grand groupe asiatique se montrerait insistant à avaler Zorabots. Mais le timing a changé et le contrat d’exclusivité avec Softbank aurait fait exploser la valeur de la jeune pousse par 10. Même si le deal n’a pas encore été conclu, un rachat partiel ne ferait que davantage booster l’engagement de programmeurs et d’ingénieurs ici en Belgique, prédit Fabrice Goffin. Il s’interroge toutefois sur la mainmise asiatique dans les nouvelles technologies. ” Il y a énormément d’innovation en Belgique. Toutes les entreprises, belges ou européennes, sont-elles vouées à se retrouver dans des mains venues d’Asie ? “, se demande-t-il, évoquant des répercussions économiques à long terme. ” Nous sommes Belges et entendons le rester, même avec nos ambitions mondiales “, martèle le cofondateur de la société. Un appel du pied à l’écosystème belge pour trouver des fonds (beaucoup) et rester 100 % belge ?

Pas encore d’intelligence artificielle

A l’heure actuelle, quand le robot Nao que commercialise Zorabots donne un cours de gym dans un home, ou lorsqu’il interagit avec un patient dans un hôpital, tous ses mouvements et paroles sont programmés. La firme ostendaise a développé une interface de programmation très facile afin que n’importe qui puisse paramétrer Nao. Tout reste écrit et prédéfini. Les robots humanoïdes dont il est question n’ont pas encore intégré de l’intelligence artificielle : ils ne peuvent pas interagir seuls et apporter des réponses aux questions en fonction du contexte ou des bases de données auxquelles ils ont accès. Zorabots développe bien un logiciel assez poussé pour que les robots puissent détecter leur environnement et en tenir compte, mais on n’est pas encore dans “l’intelligence artificielle” dont il est aujourd’hui beaucoup question. Mais nul doute que si elle veut garder sa longueur d’avance, Zorabots l’intégrera (prochainement ? ) chez Noa, Pepper, Billy Billy et tous leurs autres compagnons à venir…

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