Fluxys revendique une place dans le débat sur la transition énergétique durable en Belgique. L’accent y est souvent mis sur les voitures électriques et les pompes à chaleur mais, pour l’entreprise gestionnaire de l’infrastructure de transport du gaz, celui-ci peut également jouer un rôle crucial dans la réduction des émissions de CO2.
Le transport de cette matière est en outre meilleur marché que celui de l’électricité et il existe davantage de possibilités de stockage. A long terme, des gaz renouvelables ou de l’hydrogène pourraient également transiter dans les conduites de Fluxys (lire l’encadré ci-dessous).
“Notre but n’est pas d’initier une attaque contre Elia (la société gestionnaire du réseau de transport d’électricité, ndlr). Nous voulons surtout démontrer que nous sommes complémentaires et que nous pouvons apporter notre contribution sans consentir de trop grands investissements”, a-t-on entendu lundi lors d’un forum sur la transition énergétique chez Fluxys.
Dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, la Belgique s’est engagée à réduire ses émissions de CO2. Celles d’autres substances nocives pour l’environnement doivent également baisser dans le futur. Si Fluxys concède que le gaz naturel est un combustible fossile, la société souligne qu’il émet très peu de particules fines, de soufre et d’oxyde d’azote lors de sa combustion. Les émissions de CO2 sont également moins importantes que pour d’autres énergies fossiles. “De plus, il existe déjà une solution prête à l’emploi pour le gaz naturel dans tous les segments (ménages, industrie, transport), qui est en outre également abordable”, relevait-on lundi lors du forum.
Un porte-parole de Fluxys cite ainsi l’exemple des chaudières Boostheat, plus économes en énergie que les pompes à chaleur, ou celui de la start-up Elugie, qui fournit des mini-centrales où l’hydrogène issu du gaz est converti en électricité. Les transports routier ou maritime peuvent également parfaitement utiliser le gaz naturel comme carburant alternatif, sous la forme de gaz naturel compressé ou liquéfié. Le réseau de gaz offre aussi beaucoup plus de possibilités que l’électrique pour stocker l’énergie, ce qui peut être intéressant en vue de la sortie du nucléaire, illustrait-on au sein de l’entreprise gestionnaire de l’infrastructure de transport du gaz.
A long terme, lorsque les émissions de CO2 devront être totalement neutres, l’infrastructure de Fluxys pourra être utilisée pour le transport de “gaz vert”, comme le biométhane issu des déchets, le méthane synthétique ou l’hydrogène vert. “Cela peut se faire sans investissements majeurs et sans compromettre la sécurité d’approvisionnement”, soutient l’entreprise. D’après cette dernière, les décideurs politiques belges ne doivent pas opter pour une seule solution pour l’avenir énergétique du pays mais bien pour une combinaison de gaz (renouvelable) et d’électricité.
Fluxys, Eoly et Parkwind s’allient pour verdir le gaz naturel
Transformer l’électricité verte en hydrogène afin de pouvoir stocker et transporter cette énergie, c’est le nouveau projet commun de Fluxys, Eoly et Parkwind. Toutes trois ambitionnent de construire une installation “power-to-gas” à l’échelle industrielle pour “donner un coup de pouce à la durabilité du paysage énergétique en Belgique”, annonce Fluxys mardi.
Le projet n’en est qu’aux prémices, l’étude de faisabilité détaillée doit encore être réalisée. Mais l’objectif est clair: concrétiser en Belgique une des premières installations “power-to-gas” à l’échelle industrielle, capable de convertir plusieurs mégawatts d’électricité en hydrogène vert, qui pourra ensuite être proposé au marché en tant que carburant ou matière première décarboné(e). Rendre le gaz naturel vert aidera à compenser les fluctuations entraînées dans la production d’électricité par les énergies renouvelables que sont le soleil et le vent.
“Le parc de production électrique à partir des renouvelables étant appelé à croître dans les années à venir, les fluctuations croissantes deviendront un véritable défi”, appuie Fluxys. “Le projet entend apporter une solution à ce défi.” Dans ce cas précis, les partenaires vont examiner la possibilité d’utiliser l’installation “power-to-gas” pour compenser les fluctuations de la production d’électricité à partir des éoliennes offshore. Une fois l’électricité transformée en hydrogène, celui-ci pourra être transporté et stocké dans les infrastructures gazières existantes. “L’hydrogène vert, en tant qu’énergie ou matière première décarbonée, peut être utilisé dans les transports, la logistique et les processus industriels”, affirme encore Fluxys.