Se dirige-t-on vers la fin du “greenwashing” ?

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Les entreprises doivent suivre la voie tracée par la diplomatie environnementale.

Lors de la 22e Conférence sur le climat qui s’est tenue à Marrakech en novembre 2016, les délégués se sont mis d’accord sur 2018 comme date de finalisation des accords conclus à Paris en 2015. Ceux-ci ont pour vocation de maintenir bien en dessous des 2 °C la hausse des températures préindustrielles. Néanmoins, deux questions majeures se poseront en 2017.

La première consiste à se demander si Donald Trump risque de remettre en cause l’Accord de Paris. Il a déjà déclaré que le réchauffement climatique n’était qu’une supercherie visant à faire obstacle aux entreprises américaines. Par ailleurs, il compte revenir sur le Clean Power Plan, une loi qui établit les normes nationales destinées à contenir les émissions de dioxyde de carbone des centrales électriques, mais également de se retirer de l’Accord de Paris. Mais ce ne sera pas si simple. Maintenant que l’accord est entré en vigueur, le pays doit s’y soumettre pour quatre ans. L’effondrement du prix des énergies solaire et éolienne pourrait aussi pousser Donald Trump à remettre en cause l’intérêt exclusif qu’il voue au charbon. Enfin, certains Etats puissants, tels que la Californie, mettraient sur pied des projets écologiques, allant ainsi à l’encontre de la politique du gouvernement fédéral.

La seconde question est de savoir si les entreprises se mettront sérieusement à réduire leurs émissions. Si nous voulons respecter l’accord, il sera indispensable de mettre fin à toutes les émissions de gaz d’ici 2050. Toutefois, cumulés les uns aux autres, les engagements pris par les pays ne permettront de limiter le réchauffement climatique que de 3 °C environ. Les entreprises ont donc un rôle à jouer.

L’adoption d’une approche plus écologique permet de générer des bénéfices. Entre 2005 et 2015, Walmart a économisé 1 milliard de dollars chaque année en modifiant les itinéraires de ses véhicules aux Etats-Unis, ce qui lui a permis de multiplier par deux son rendement. En outre, les entreprises risquent leur réputation si elles ne modifient pas leurs habitudes. Lego, critiqué à cause des liens qu’il entretient avec le secteur pétrolier, a annoncé qu’il n’utiliserait que des matériaux durables d’ici à 2030 pour la production de ses briques.

Le maillon faible

Quels seront les efforts menés par les entreprises ? Dans l’Amérique de Donald Trump, la pression exercée sur elles pourrait être moins forte, mais dans le monde de l’entreprise au sens large, le terme ” durabilité ” a bien trop souvent fait office d’écran de fumée afin d’amadouer les écologistes. Le manque de clarté quant à l’évaluation de l’impact écologique n’a pas arrangé les choses : les sociétés ne disposent d’aucun moyen officiel pour communiquer leur impact sur l’environnement. Pourtant, il existe plusieurs manières de chiffrer la consommation d’eau et de produits chimiques, ainsi que les émissions produites par les bâtiments, les produits et les chaînes d’approvisionnement. Il est déjà difficile de comparer entre elles des entreprises qui respectent des normes différentes et tout cela devient inutile lorsque certaines dissimulent des informations essentielles. L’indice de durabilité Dow Jones avait consacré VW comme le constructeur automobile le plus durable au monde pour l’année 2015 ; quelques semaines plus tard, le scandale du Dieselgate éclatait.

En 2017, nous aurons moins d’excuses. Un groupe de travail sera chargé de formuler des recommandations à l’intention du G20 et du Conseil de stabilité financière, un forum de régulateurs mondiaux. L’objectif est d’instaurer un cadre permettant aux entreprises de faire part de leur exposition aux risques climatiques. Ce nouveau cadre de divulgation des émissions de carbone pour entreprises pourrait encourager les pays à respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions.

L’Accord de Paris prévoit des mécanismes destinés à renforcer les engagements nationaux. Un nouveau cycle de discussions sera organisé en 2018 afin de faire le point. Les pays fixeront alors ensemble de nouveaux objectifs pour 2020.

Par Miranda Johnson, correspondante pour l’environnement de “The Economist”.

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