Qui est Marc Coucke, l’un des hommes les plus riches de Belgique?

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Marc Coucke, le CEO et fondateur d’Omega Pharma, a vendu son entreprise à l’américano-israélienne Perrigo pour 3,6 milliards d’euros. Suite à cette cession, Marc Coucke intègre le classement Forbes des hommes les plus riches du monde. Portrait d’un entrepreneur flamand pas comme les autres.

C’est l’histoire d’un pharmacien devenu l’une des plus grosses fortunes du pays. Lorsqu’il s’associe avec un copain d’études, Yvan Vindevogel, pour vendre des shampoings aux pharmaciens, Marc Coucke a 22 ans. A deux, ils effectuent leur service militaire à l’hôpital d’Ostende. Pour arrondir leur fin de mois, ils achètent du shampoing en bidons de cinq litres et y ajoutent une couleur ou un parfum avant de le revendre dans des bouteilles sous leur propre marque. Nous sommes en 1987.

Plus de trois milliards d’euros

Vingt-sept ans plus tard, l’homme revend un groupe international qui dégage un chiffre d’affaires supérieur au milliard d’euros et emploie plus de 2.000 personnes dans 35 pays. Un groupe qui suscitait la convoitise des grands noms de l’industrie pharmaceutique, comme Sanofi. Depuis plusieurs mois, les articles parlant d’une revente d’Omega Pharma s’étaient multipliés dans la presse flamande. Et les chiffres les plus fous ont circulé. C’est finalement l’américano-israélienne Perrigo qui a emporté le morceau pour 3,6 milliards d’euros. Une somme astronomique dont une petite moitié prendra prochainement la direction du compte en banque de Marc Coucke. Pas mal pour quelqu’un qui a commencé avec pour bagage un diplôme de pharmacie et pas un sou en poche ! Sans compter que la fortune d’Albert Frère, présenté généralement comme l’homme le plus riche de Belgique, est estimée à 4,7 milliards de dollars, selon la dernière édition du classement mondial des milliardaires établi par le magazine Forbes.

Opportuniste et jovial

Mais comment, au juste, Marc Coucke a-t-il fait pour transformer sa petite entreprise en un géant de la pharmacie européenne qui vaudrait aujourd’hui plusieurs milliards de dollars ? Ceux qui le côtoient parlent d’abord d’un homme doté d’une belle intelligence. “Je me souviens du krach boursier de 1987, raconte cet entrepreneur flamand qui le connaît bien. Il l’avait vu venir. A l’époque, il a revendu toutes actions avant de les racheter trois semaines après.”

“C’est un esprit très vif, juge pour sa part Vincent Van Dessel, CEO d’Euronext Bruxelles, qui a eu l’occasion de le côtoyer du temps où Omega Pharma était cotée en Bourse. II maîtrise bien les rouages des marchés financiers et n’hésite pas à saisir les opportunités quand elles se présentent.” Quitte à prendre de (gros) risques (il a par exemple perdu pas mal d’argent dans Enfinity, la débâcle du panneau solaire flamand). Ce qui ne l’empêche pas de généralement avoir un coup d’avance. A la manière du brillant joueur d’échecs qu’il fut dans sa jeunesse. Parfois insaisissable, mais toujours jovial. “C’est quelqu’un de sympathique, décrit Bruno Colmant, lui aussi pour l’avoir fréquenté du côté d’Euronext Bruxelles. Quand j’étais président de la Bourse, il avait utilisé le parquet pour faire une promotion de ses produits (shampoings, etc.). Il était arrivé tout transpirant car on lui avait volé sa mallette près de la Bourse. Il avait couru après le voleur avant de la récupérer.”

“Bekende Vlaming”

A 49 ans, Marc Coucke n’est pas seulement un redoutable homme d’affaires. Si son nom est quasiment inconnu du grand public de ce côté de la frontière linguistique, c’est tout le contraire au nord du pays. Incarnant bien cette Flandre qui gagne, il est un de ces “BV” (pour bekende Vlaming, Flamand connu) dont la télévision flamande raffole. Le patron d’Omega Pharma, il est vrai, est ce qu’on appelle un bon client. Un brin extravagant, il habite depuis peu dans un château et ses vêtements tape-à-l’oeil ne passent jamais inaperçus. “Ses chaussures en croco sont improbables”, pointe gentiment Bruno Colmant à ce propos. Sans oublier l’essentiel : son franc-parler. Atypique, l’homme ne mâche jamais ses mots et sait faire parler de lui. “En 2001, lorsque la Bourse était au plus haut, j’étais plus riche que le Roi”, affirmait-il en 2003 dans une émission de Telefacts consacrée aux euro-millionnaires. Plus récemment, il s’est ouvertement opposé au Voka (le patronat flamand), défendant l’indexation des salaires. “Outre son côté opportuniste en affaires, et opportuniste dans le bon sens du terme, c’est effectivement un communicateur né”, souligne cet autre chef d’entreprise qui le connaît bien. De fait, “il sait se montrer très convaincant dans son argumentation”, observe encore Vincent Van Dessel.

Faisant allusion à sa participation à l’émission culinaire Masterchef en 2012, ou à son plongeon dans un étang situé à côté du siège de son entreprise pour fêter le 1.000e abonné en une semaine au compte Twitter d’Omega Pharma, les mauvaises langues diront que Marc Coucke est prêt à tout pour avoir les honneurs des médias et cultiver cette image de patron people. Même s’il a préféré ne pas répondre à nos questions pour les besoins de cet article. Ce qui peut se comprendre étant donné le caractère sensible de la mise en vente d’Omega Pharma.

De la pharmacie au foot

Populaire, l’emblématique patron et actionnaire d’Omega Pharma l’est aussi parce qu’il investit dans ses passions sportives. A commencer par le vélo. Depuis le début des années 2000, il a co-sponsorisé diverses équipes cyclistes (Lotto, Quick-Step) afin de promouvoir les produits d’Omega Pharma (Davitamon, Predictor, Etixx, etc.). Avec succès puisque ces équipes ont écrit certaines des plus belles pages du cyclisme, grâce notamment à des coureurs comme Tom Boonen. “Seul le top mondial l’intéresse, glisse cet observateur attentif. Son ambition est de remporter le Tour de France.” L’an dernier, c’est dans le foot qu’il a investi, devenant l’actionnaire principal du KV Ostende, promu en première division, et dont il est un fervent supporter. Avec la marque Etixx, il est aussi sponsor en France de Lille, un club qu’il rêve de racheter. Bref, en affaires comme ailleurs, la motivation de ce self-made-man fan de sport et amateur d’art est la même : gagner !

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