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Le marché chinois est un marché difficile et fermé même pour Uber

Un chauffeur de taxi parisien m’a dit qu’il avait eu de la chance ; il y a quelques années, il avait pré-senti qu’Uber allait s’imposer et il a vendu sa licence au double du prix.

J’étais à Paris ce mercredi et j’ai eu l’occasion de prendre un taxi et de parler avec son conducteur. Ce dernier m’a dit qu’il avait eu de la chance ; il y a quelques années déjà, il avait pré-senti que Uber, la plateforme qui concurrence les taxis du monde entier, allait prendre de l’importance, et donc, il avait très rapidement vendu sa licence de taxi au double du prix qu’il l’avait achetée.

Aujourd’hui constate-t-il, tous ses collègues, qui lui avaient ri au nez, n’arrivent plus à revendre leur licence, leur plaque comme ils disent, car elle ne vaut plus rien ou presque… Or, c’est la revente de cette plaque qui permettait à ces chauffeurs de taxis de doper un peu leur pension. Pour lui, cet aveuglement est imputable en partie aux taxis eux-mêmes qui profitaient de leur monopole pour refuser certaines courses qui étaient trop courtes ou qui n’allaient pas dans leur direction.

Bref, les taxis parisiens paient le prix de leur arrogance. J’en parle aujourd’hui parce que l’histoire n’est jamais écrite complètement y compris pour Uber ; le patron de Uber le reconnaissait déjà vers la fin juin. A l’époque, il avait déclaré devant un parterre de patrons asiatiques, je le cite : “Je perds chaque nuit une demi-heure de sommeil à cause de la concurrence en Chine”.

De fait, le fondateur d’Uber livrait à son plus grand rival, le chinois Didi Chuxing, une bataille sans merci pour le contrôle des rues des grandes villes chinoises. Mais cette bataille a été perdue cette semaine par Uber. Question : est-ce le premier grand échec pour Uber? Réponse : sans aucun doute. Ne serait-ce que parce que Uber n’a pas arrêté de dire que la Chine est le marché offrant le plus de potentiel.

Aujourd’hui, la direction d’Uber jette le gant après avoir brulée des centaines de millions de dollars pour s’installer sur ce marché. En fait, Uber vient aussi de découvrir que la Chine est un marché difficile pour ne pas dire fermé. Même des géants de la technologique américaine comme Google ont renoncé à le conquérir. Google a par exemple fermé son moteur de recherche en 2010 pour échapper à la censure. Même le site de e-commerce Ebay n’a pas pu résister à la montée en puissance d’Alibaba, son concurrent chinois.

Uber vient de découvrir que la Chine est un marché difficile pour ne pas dire fermé. Même des géants de la technologique américaine ont renoncé à le conquérir.

Pourtant tout le monde répète à l’envie qu’on ne peut plus ignorer le marché chinois et ses 700 millions d’utilisateurs d’Internet. Rien que dans l’e-commerce, la Chine représente aujourd’hui déjà plus que l’Europe et les Etats-Unis réunis.

Tout cela est vrai et les Chinois l’ont compris, et donc ils font tout pour bloquer les groupes occidentaux dans la conquête de leur pays. On peut le regretter, mais en attendant, les Chinois ont réussi à donner vie à des groupes technologiques qui n’ont rien à envier aux Américains. Et pendant ce temps-là, notre bonne vieille Europe, elle, a joué à la transparence, au libre marché, et elle est devenue une colonie des groupes technologiques américains. Les applications sont utilisées en Europe par des Européens, mais l’argent récolté par ces applications file à l’étranger et les emplois crées le sont ailleurs qu’en Europe… Oui, les Chinois ont compris ce que nous n’avons pas compris…

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