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La société IceWatch de Jean-Pierre Lutgen, petit miracle de l’économie wallonne

Je ne vais pas vous parler aujourd’hui des mesures prises par le nouveau gouvernement, je préfère vous parler d’un entrepreneur, mais pas n’importe lequel, Jean-Pierre Lutgen, le fondateur des fameuses montres IceWatch.

J’ai pu le rencontrer et l’écouter pour la première fois, hier soir, dans le cadre d’une soirée organisée par le cercle d’affaire bruxellois B19. Le résultat est à la fois étonnant et consternant pour la Belgique. Etonnant, car on découvre qu’en Belgique, il est encore possible pour un Wallon de lancer avec un succès un concept qui est devenu en l’espace de 6 ans, un concept planétaire. C’est étonnant, car si Jean-Pierre Lutgen représente à lui seul l’esprit d’entreprise wallon, il a avoué humblement aux participants venus l’écouter, qu’il a démarré en 2006 avec pas un seul euro en poche, ou plus précisément, il s’est endetté à hauteur de 30.000 euros auprès de sa femme. Quant à sa première production de montres IceWatch, il n’a pu la réaliser qu’en obtenant, dans un premier temps, une avance de ses distributeurs.

Bref, c’est le genre d’exemple qu’on a envie de citer avec plaisir à ses enfants, d’autant que comme Jean-Pierre Lutgen l’a expliqué à ses auditeurs, il fallait oser s’attaquer au marché de la montre, déjà encombré et considéré comme mature, avec au final un concept de montres colorées en plastique. Ce succès planétaire n’a pas été de tous repos, car ce Bastognard qui ne connaissait rien au droit des marques est devenu malgré lui, un spécialiste du secteur. S’il a écoulé de par le monde des millions et des millions de montres, il a aussi dû affronter des géants comme Lego ou Swatch.

La société IceWatch de Jean-Pierre Lutgen, petit miracle de l’économie wallonne

L’un l’a accusé en quelque sorte de plagiat, car la boîte qui servait d’écrin à ses montres ressemblait trop aux briques Lego, l’autre a voulu lui casser les reins parce que sa marque IceWatch pouvait semer la confusion avec sa propre marque Swatch. Quand on a démarré de rien, qu’on est originaire de Bastogne et qu’on survit à ces mégas procès, on peut se dire qu’on a tout vu. Il semble pourtant qu’en tant que patron, il n’avait pas encore tout vu, puisqu’il a dû se battre avec sa commune d’enfance pour de sombres raisons de permis de bâtir. Et quand Jean-Pierre Lutgen ne se bat pas avec les services de sa commune natale, c’est avec l’inspection spéciale des impôts qui débarque dans ses bureaux au petit matin.

Sans prendre position sur le fond de l’affaire, un entrepreneur classique se serait contenté de déménager dix kilomètres plus loin, au Grand-Duché du Luxembourg pour ne plus avoir ce genre de tracas. Jean-Pierre Lutgen ne l’a pas fait, c’est un second miracle, car la Wallonie a un besoin urgentissime d’entrepreneurs. Avec une question à la clé : à quoi sert-il qu’un ministre de l’économie se décarcasse à longueur de journée à attirer des investisseurs étrangers si, d’un autre côté, par des petits tracas administratifs, des pouvoirs locaux rendent la vie plus difficile aux natifs de la région ? La question mérite d’être posée, et c’est à d’autres que moi, sans doute plus documentés, de la trancher.

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