La machine à bénéfices de KBC tourne à plein régime

Johan Thijs : "Nous sommes un bancassureur performant et rentable" © BELGA

Alors que les marchés s’interrogent sur la rentabilité du secteur bancaire, KBC affiche des résultats qui contredisent toutes les tendances. Avec un business modèle performant.

590 millions de bénéfices au deuxième trimestre, c’est ce que les analystes boursiers avaient prévu. KBC annonce en fait 721 millions d’euros de bénéfice trimestriel. Ce chiffre inclut des revenus non-récurrents, même si on ne les prend pas en compte, il reste encore 660 millions d’euros de bénéfice, soit environ autant qu’au deuxième trimestre de 2015. Ce qui avait alors été perçu comme inhabituellement solide.

La machine à bénéfices de KBC paraît, pour ainsi dire, ne pas s’arrêter. Même si les taux bas suscitent des soucis à beaucoup de banques. Même si les récents stress tests ne balaient pas la méfiance envers les banques. Beaucoup d’investisseurs se posent des questions quant à la rentabilité future et le business modèle du secteur bancaire.

En ce sens, KBC fait figure d’outsider. Le groupe a confirmé sa réputation de bancassureur performant. Tous les pays et toutes les activités ont contribué au bénéfice, a souligné le CEO Johan Thijs. KBC profite clairement de la diversification de ses sources de revenus, issus tant des produits bancaires classiques (les revenus d’intérêts) que des assurances ou des placements (les revenus de commissions). Du côté du contrôle des coûts, KBC est également un exemple à suivre. Le ratio coûts/revenus de 56% est le plus bas de toutes les grandes banques en Belgique.

Revenus d’intérêts stables

Malgré la faiblesse des taux, KBC est parvenu à maintenir les revenus d’intérêts stables au cours des deux premiers trimestres de 2016, de 1,07 milliard d’euros à chaque fois. Cette réussite provient en premier lieu du fait que les coûts de financement ont diminué. KBC a notamment diminué les intérêts sur ses livrets d’épargne au minimum légal de 11 points de base. Il n’y a donc plus de latitude possible à l’avenir sur ce plan, ce qui a suscité un commentaire amer de la part du CEO Johan Thijs: “Je lis que l’Etat peut emprunter de l’argent à dix ans à 10 points de base, alors qu’il nous oblige à donner 11 points de base sur l’argent accessible quotidiennement.”

Une deuxième explication aux revenus d’intérêts élevés est à trouver dans la nouvelle vague de refinancements des crédits logement. Au cours des six premiers mois de 2016, KBC a refinancé pour 2,4 milliards d’euros de crédits logement. Pour ce faire, les clients doivent payer une indemnité de remploi de trois mois, que la banque comptabilise directement comme un revenu. Cela a généré 27 millions d’euros à KBC au premier semestre. A plus long terme, les refinancements des crédits logement sont négatifs pour les revenus d’intérêts de la banque.

En troisième lieu, KBC a octroyé 4% de prêts en plus sur base annuelle. Malgré la pression commerciale, cela a été possible grâce à des marges acceptables. KBC n’a vu sa marge de crédit diminuer que pour les crédits logement. Pour les prêts commerciaux et les prêts aux entreprises, elle est restée stable. La marge d’intérêt nette de KBC Group s’élevait à 1,94% au deuxième trimestre, contre 1,96% au premier trimestre et 2,06% au deuxième trimestre de 2015. Cela montre que l’érosion de la marge progresse lentement mais sûrement.

Au niveau des assurances, la progression de 7% hors assurances-vie a particulièrement attiré l’attention. Dans les assurances-vie, il y a eu un recul en glissement trimestriel, mais en comparaison avec le deuxième trimestre de 2015, on observe une croissance de 33%. Les produits de la branche 21 surtout se portent bien auprès des clients. L’intérêt renouvelé pour les produits à intérêts garantis s’était déjà reflété plus tôt dans les résultats d’AG Insurance (Ageas).

Après quelques trimestres difficiles, surtout en conséquence de la volatilité sur les marchés, les revenus de commissions de la vente de produits d’investissement ont également connu une nouvelle hausse. KBC a enregistré 360 millions d’euros de commissions entre avril et juin 2016. C’est 4% de plus qu’au premier trimestre. En comparaison avec le deuxième trimestre de 2015, c’est toutefois toujours 100 millions d’euros de moins.

Outre les revenus, KBC a également fait de solides performances côté coûts. En dehors des taxes bancaires, le bancassureur est parvenu à maintenir ses coûts stables, à environ 850 millions d’euros par trimestre. Et ce malgré les investissements au niveau digitalisation et IT, et malgré une indexation des salaires en Belgique. “L’instauration d’une nouvelle taxe bancaire supplémentaire de 38 millions d’euros en Belgique ruine hélas tous ces efforts”, a poursuivi Thijs. KBC prévoit de devoir lâcher 440 millions d’euros de taxe bancaire cette année, dont le plus gros en Belgique. Ce qui représente 10,5% des coûts opérationnels.

Avance

Un autre facteur important du succès de KBC est la qualité du portefeuille de crédit. De ce fait, la banque doit amortir peu de pertes sur de mauvais crédits. Au deuxième trimestre, il n’y avait que pour 7 points de base en pertes sur créances. C’est un niveau historiquement bas. On peut aussi parler d’embellie dans la problématique de l’Irlande. KBC prévoit un maximum de 40 millions d’euros de provisions supplémentaires pour les crédits problématiques irlandais cette année, contre 50 à 100 millions lors d’estimations antérieures.

“Nous sommes un bancassureur performant et rentable”, a conclu Thijs. “Et comme nous avons confiance dans la rentabilité future, nous avons décidé d’octroyer un dividende intérimaire d’1 euro brut par action en novembre.” KBC se tient à sa résolution de distribuer au moins la moitié du bénéfice consolidé à partir de l’exercice comptable en cours. Cela devrait en principe résulter en une distribution de dividendes en mai 2017.

Le dividende intérimaire est une avance sur celle-ci. Selon Thijs, cela prouve la confiance du management dans l’efficacité de l’institution. Le dividende final suivra l’an prochain. Cette distribution échelonnée du dividende serait également intéressante pour les actionnaires, estime le dirigeant de la banque, qui désire en faire une tradition annuelle. Pour les actionnaires de référence KBC Ancora et Cera, le dividende intérimaire signifie que les holdings pourront compter sur de nouveaux revenus une année plus tôt que prévu.

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