“La Belgique transforme mal ses impôts en prospérité”

Michel Delbaere © YVES GOETHALS

Michel Delbaere vient de céder le relais de la présidence du Voka à Paul Kumpen. Au Cercle Chapel, il a pu synthétiser une dernière fois les priorités qui ont animé le Voka depuis 2012… et qui restent parfaitement d’actualité. Le mot d’ordre : réduire les dépenses publiques et investir dans l’emploi.

“Le programme économique du gouvernement fédéral, c’est celui du Voka.” Michel Delbaere s’amuse de la sentence. C’est même lui qui lance la boutade, au pupitre du Cercle Chapel, face à une assemblée d’hommes d’affaires et d’entrepreneurs francophones dont l’un ou l’autre ne manquera pas de l’interroger sur ce qu’il pense du poids du MR (et de Charles Michel) face à trois partis flamands. Au coeur d’une forêt de Soignes virant à l’automne, dans l’écrin de la Chapelle musicale Reine Elisabeth, l’ex-patron du Voka (il vient tout juste d’achever son mandat de trois ans) reçoit cependant un accueil à l’image des lieux : serein, soigné, bien disposé. Il maîtrise parfaitement les contours de sa prise de parole (autrement dit, pas de sujet communautaire). Pour ce qui est du fond, il réaffirme les lignes de force de la vision de la fédération des entreprises flamandes : “La croissance est notre meilleure sécurité dans un pays où une personne sur sept vit dans la pauvreté”, introduit-il. Mais la Belgique “transforme très mal ses impôts en prospérité”.

Emploi et concertation sociale “par le bas”

“Pour maintenir un modèle social à chérir mais à améliorer, le pays devrait renouer avec une croissance autour des 2 %.” Très difficile. Raison pour laquelle Michel Delbaere espère voir les politiques se concentrer sur un point-clé : augmenter le taux de participation au marché de l’emploi, où la Belgique, avec ses 66 % (et 58 % à Bruxelles), “doit absolument faire mieux”. Avec un taux de participation de 75 %, le Voka estime à 500.000 le nombre de jobs qui seraient créés. “Ce n’est pas illusoire. Il n’y a pas d’autre solution que de traquer les pièges à l’emploi, garantir le droit au travail et réduire progressivement les allocations de chômage de ceux qui ne font pas les efforts nécessaires pour trouver un travail.” Les actualités “syndicales” n’ont pas non plus échappé à l’oeil critique du Voka. Aux yeux des patrons flamands, le modèle social belge est inefficace : “La grand-messe des accords interprofessionnels tous les deux ans, je suis désolé, mais c’est dépassé. C’est un système trop lourd”, tranche Michel Delbaere. A la place, il plaide “pour un modèle bottom-up, qui ferait démarrer la concertation au niveau de la base, à savoir les entreprises”.

Les yeux rivés vers le nord…

En toile de fond, Michel Delbaere souhaite emmener le pays vers un modèle germanique ou nord-européen. “Je n’aime pas et ne veux pas parler de modèle flamand”, clôt Michel Delbaere. La voie à suivre, pour les trois régions, c’est un “modèle de société qui se rapproche en effet du nord de l’Europe” : moins d’impôts et une fiscalité “qui soutient la croissance”, moins de dépenses publiques et des fonds de pension qui contribuent aux investissements… Revenant sur les fermetures de certaines usines en Flandre, notamment dans l’automobile, Michel Delbaere cible aussi la loi Renault, “qui entrave les projets de restructuration et de redéploiement tellement elle coûte cher aux entreprises. Rien n’a remplacé Ford Genk, c’est cela le vrai drame de cette fermeture. Restructurer est une opportunité, pas une insulte”. Au passage, il épingle le patronat et ses torts “scandaleux” dans le système de prépension, dont il ne pense rien de bon. “Ce n’est pas avec un tel système que nous résoudrons le problème du vieillissement de notre population !”

OLIVIER STANDAERT

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