Génération Y, qui es-tu ?

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On les appelle les “millennials”. Issus de la génération du millénaire, ils ont aujourd’hui entre 20 et 35 ans et sont mieux connus sous l’étiquette génération Y. Parce qu’ils font l’objet de nombreux stéréotypes, ManpowerGroup a souhaité porter un regard plus précis sur cette génération et son rapport au monde du travail. Une enquête menée auprès de 19.000 travailleurs et 1.500 employeurs à travers 25 pays.

“Cette génération Y, on pourrait l’appeler aussi génération G. Pour Google !, nous dit d’emblée Sébastien Delfosse, HR et legal director au sein de ManpowerGroup Belux. Ce sont des personnes qui ont un accès à la connaissance démultiplié par rapport aux anciennes générations à leur âge, qui ne pouvaient compter grosso modo que sur l’école, les parents et le Larousse ! Tout a changé avec l’arrivée des nouvelles technologies. Cette soif de savoir est une des grandes conclusions de cette enquête. Nonante-trois pour cent d’entre eux réalisent que l’apprentissage tout au long de la vie est fondamental pour leur carrière. Cette génération est même prête à payer cette formation de sa poche. La réussite pour eux passe par cet impératif de formation.” Se former, encore et encore, et non plus seulement compter pour faire carrière sur l’efficacité de l’emploi du moment, sur l’accumulation d’expérience ou sur l’importance de disposer d’un bon carnet d’adresses. Matière grise et génération Y semblent donc faire bon ménage.

A peine 13 % des millennials placent les fonctions de leadership en tête de leur priorité de carrière”

Travailler plus longtemps ? Deal !

” C’est également une génération qui est bien consciente des défis à venir pour le monde du travail, à commencer par l’obligation d’allonger les carrières, poursuit Sébastien Delfosse. Soixante pour cent des sondés s’attendent à travailler au-delà de 65 ans et 27 % pensent même aller au-delà de 70 ans. Plus surprenant encore, 12 % prévoient de continuer à travailler jusqu’à la mort. ” Pour la petite histoire, au Japon, ils sont 37 %, selon cette enquête, à imaginer travailler jusqu’à leur dernier souffle. Le fait de devoir travailler plus longtemps est largement accepté par cette génération. Bémol important : s’ils acceptent d’allonger les carrières, les millennials sont intransigeants sur la flexibilité. ” C’est sans doute une des caractéristiques les plus marquantes de cette génération, explique Sébastien Delfosse. Pour la famille, pour les loisirs, pour les formations, ils veulent pouvoir dégager du temps quand ils le veulent. On assiste à un basculement du monde du travail vers ce qu’on pourrait appeler des parcours de vie professionnelle à la carte. Ce désir de flexibilité est un défi pour les employeurs qui vont devoir se montrer créatifs pour répondre à ce nouveau besoin. Nous allons assister dans les années à venir à des carrières plus atypiques avec des temps de travail interrompus par des temps de pause plus ou moins longs. ”

Génération Y, qui es-tu ?
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Plus de flexibilité et moins de linéarité

Troisième grande tendance qui ressort de cette enquête : la fin des carrières linéaires. Exercer pendant deux ans la même fonction est déjà limite pour deux tiers des ” millennials “. ” Il ne s’agit pas forcément de changer d’employeur après ce laps de temps mais on constate une envie très forte de varier rapidement de fonction, remarque Sébastien Delfosse. On a tendance d’ailleurs à davantage parler de projets, de missions pour cette génération. De longues périodes au sein d’un même poste ? Cette linéarité-là est en train progressivement de disparaître. Avec la flexibilité, cette envie de changer est un nouveau défi de taille pour les managers. Presque deux tiers des sondés souhaitent avoir un emploi à temps plein mais plus de la moitié affirme ne pas exclure de nouvelles formes de travail, comme le travail à la mission, le télé-travail ou encore des jobs combinés. ” Si l’on voulait caricaturer cette génération Y : elle est prête pour le long voyage professionnel mais en ne tenant pas en place ! On comprend alors le challenge pour les managers s’ils veulent garder les équipes sur la durée.

Pour la famille, pour les loisirs, pour les formations, la génération Y veut pouvoir dégager du temps quand elle le veut.” Sébastien Delfosse, “HR et legal director” pour ManpowerGroup Belux

Les managers, tiens, qu’en pense cette génération ? ” Ils ne veulent pas forcément prendre leur place, sourit Sébastien Delfosse. Ils veulent donc apprendre mais pas diriger. Seulement 13 % d’entre eux en Belgique aspirent à des fonctions de management. ” Les pays où les ” millennials ” se montrent plus ambitieux sont le Mexique (40 %), le Brésil et la France (30 %). La Chine complète ce podium (27 %).

Augmenter l’empathie

S’ils ne veulent pas forcément jouer un rôle de management de premier plan, ces jeunes travailleurs ont une attente des managers qui colle à leur époque. ” C’est un peu celle du like des réseaux sociaux. Les travailleurs sondés en Belgique attendent davantage d’écoute et de feed-back de la part de leurs supérieurs. Ils sont dans l’ensemble satisfaits de leur patron mais souhaitent davantage d’empathie. D’ailleurs, s’ils quittent leur job, bien souvent c’est d’abord à cause du management. Cette génération attend du patron qu’il se comporte plutôt comme un coach avec une grande écoute, un feed-back régulier et des encouragements. “

Génération Y, qui es-tu ?
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Cette enquête a permis de dégager quelques conseils-clés à la fois pour les employeurs et pour ces travailleurs de la génération Y. ” Du côté des travailleurs, on leur conseille de donner la priorité à un parcours d’évolution plutôt que de rechercher d’emblée le job parfait, d’être patient quant à la progression de leur rémunération, de développer des compétences de savoir-être, de se construire un propre réseau et de veiller à leur développement individuel. Et puis, côté employeurs, de privilégier la variété et la mobilité de la carrière, d’être sensibles aux émotions de ces ” millennials ” qui sont en attente d’écoute et de feed-back, de prévoir des entretiens de carrière réguliers, d’être ouverts à la notion de carrière par étape et de faire preuve d’ouverture aux nouveaux modèles de travail “, ajoute Sébastien Delfosse. Et de conclure : ” Tout le défi est aussi de faire évoluer l’organisation collective de notre monde du travail, et je pense notamment au dialogue social, vers des travailleurs qui vont toujours plus s’individualiser, à la fois dans leurs compétences et dans leur parcours professionnel. ”

Par Fabrice Lambert.

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