Eurostar débarque enfin à Amsterdam

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Eurostar lance un service Amsterdam-Londres, via Bruxelles, à partir de l’an prochain. Il prendra des passagers à Amsterdam et Rotterdam, mais pas à Anvers. Cela va entraîner des aménagements à la gare de Bruxelles-Midi.

Enfin ! Eurostar va lancer une liaison Amsterdam-Londres à partir de l’an prochain. Un voyage inaugural est programmé en décembre, mais le service sera réellement commercialisé début 2018. “Nous visons surtout le printemps 2018, Pâques, qui est une période de demande importante” indique Nicolas Petrovic, CEO d’Eurostar International Limited. L’objectif est de relancer la croissance d’un service qui tend à plafonner autour des 10 millions de passagers par an depuis quatre ou cinq ans (1). La durée du trajet sera “inférieure à 4 heures”. La fréquence sera de 2 trains par jour. Il aura fallu attendre longtemps, plus de deux décennies après le lancement du service Eurostar en 1994.

Amsterdam et Rotterdam, mais pas Anvers

Le nouveau service prendra des passagers à Amsterdam et à Rotterdam, où Eurostar va installer les dispositifs de sécurité spécifiques au train transmanche. Les passagers de ces trains doivent avoir été contrôlés, avec leurs bagages et leurs papiers d’identité, ce qui impose des investissements et du personnel (notamment de la police des frontières britanniques). Eurostar a donc dû limiter le nombre d’arrêts pour limiter les frais : il n’y aura donc pas de possibilité de monter sur le train à l’aéroport de Schipol ou à Anvers, qui figurent sur le trajet de l’Amsterdam-Londres. Ces obligations de sécurité expliquent la difficulté à établir des nouvelles liaisons.

Pour assurer un certain remplissage, Eurostar acceptera des passagers entre Bruxelles et Amsterdam. il fera ainsi concurrence à Thalys, mais une guerre des tarifs est peu probable : la SNCF contrôle les deux transporteurs, qui ont aussi la SNCB comme actionnaire.

Nouveaux trains nécessaires pour aller aux Pays-Bas

Le long délai pour lancer le service néerlandais s’explique par une question de matériel. “Il nous fallait un train techniquement adapté aux lignes néerlandaises” dit Nicolas Petrovic. C’est le cas des 17 nouvelles rames e320 qu’Eurostar a commandées, fournies par Siemens, qui comptent 900 sièges. Pour le moment 13 rames circulent. Le nouveau train sera en service sur Bruxelles à partir du 28 mai. Les anciennes rames Alstom, toujours en fonction, de 750 places ne peuvent aller aux Pays-Bas. Les trains offrent un confort amélioré, du wifi à bord. Environ 8 rames anciennes sont progressivement rénovées, et reçoivent progressivement un intérieur identique à celui des nouveaux trains.

Eurostar débarque enfin à Amsterdam

Ce service vers et depuis Amsterdam passera par Bruxelles-Midi. Il exigera l’aménagement d’un troisième quai. Pour l’heure, Eurostar occupe les quais 1 et 2, dans une zone stérile, isolée par des grillages pour les raisons expliquées plus haut. Ces quais forment un cul de sac, leur usage pour la liaison d’Amsterdam imposerait des manoeuvres fastidieuses et une perte de temps. D’où le projet d’aménager un quai de passage, le numéro 3, utilisé par le Thalys et des trains intérieurs. Pour ne pas le bloquer complètement pour l’Eurostar, qui n’y viendra que deux fois par jour, un dispositif à éclipses est prévu, avec des vitres blindées et des portes automatiques. L’espace sera clos lors du passage du train transmanche, et ouvert pour les autres trains.

Ambitions discrètes

Eurostar se montre très discret sur ses ambitions néerlandaises, se contenant de noter que le marché annuel du trafic aérien entre Londres et Amsterdam se situe à 3 millions de passagers. La part de marché du train entre Bruxelles et Londres dépasse les 80%. Le potentiel est donc de plus de 2 millions de passagers sur Amsterdam, mais plusieurs facteurs réduisent un peu ce marché latent. Le gain de temps n’est pas le même pour un voyageur en train entre Amsterdam et Londres qu’entre Bruxelles et Londres. Il y a aussi la question du prix, sur laquelle Eurostar n’a rien dit. Eurostar ne peut guère se lancer dans une politique low cost trop large car ses coûts sont fortement impactés par les péages perçus pour les infrastructures (rails, gares, Eurotunnel). Les péages représentent environ 40% des coûts de l’entreprise. La fréquence programmée, 2 trains par jour, se traduira par une offre de 1,3 million de places par an.

(1) Les attentats ont fait reculer la fréquentation de 10,4 à 10 millions de passagers entre 2015 et 2016.

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