Energie: Eni veut devenir le numéro deux belge

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Après des années de discrétion, le géant italien impose sa marque. Et affiche son ambition : chiper la deuxième marche du podium à EDF Luminus.

C’en est visiblement fini de la discrétion affichée en Belgique par Eni. Le géant italien a déboulé dès 2008 à l’intérieur de nos frontières, en rachetant Distrigas (ex-Distrigaz), dont Suez devait se “débarrasser” suite à sa fusion avec Gaz de France. Le second pas de taille remonte à janvier 2012, lors de la finalisation de l’acquisition de Nuon Belgium, dont le suédois Vattenfall souhaitait se séparer après l’avoir annexé à la mi-2009. Et jusqu’à présent, aucune trace de la marque Eni.

Ce mercredi, le groupe italien a rectifié le tir, fusionnant Distrigas et Nuon Belgium au sein de la société anonyme Eni Gas & Power (dites simplement Eni). “Ces acquisitions et le rebranding constituent l’investissement le plus important d’Eni en dehors du territoire italien, précise Tom Vanden Borre, directeur regulatory and public affairs. La Belgique constitue notre second home market, comme on dit.” Un statut qui s’accompagne de grandes ambitions. Actuellement, Nuon et Distrigas totalisent quelque 600.000 clients en Belgique (5,1 % de parts du marché électrique et 33,1 % du gâteau gazier, selon les chiffres 2011 de la Creg). De quoi se présenter comme le premier challenger sur le marché belge. Amusant : une position dont se réclame également EDF Luminus. “Issu de SPE, EDF Luminus est l’un des deux opérateurs historiques en Belgique. Le vrai challenger sur le marché, c’est nous”, rectifie Tom Vanden Borre.

Un retour à Bruxelles ?
Des ambitions, donc. A l’horizon 2016 : atteindre le million de clients. A plus long terme : devenir le n°2 du marché. Autrement dit, regarder EDF Luminus dans le rétroviseur. Les clés du succès ? Une campagne marketing lancée en novembre, l’offre de nouveaux produits et l’investissement dans le service à la clientèle. Pour l’heure, Eni n’en dira pas plus. La machine est déjà enclenchée, se félicite-t-on chez Eni. “Nuon Belgium existe depuis 10 ans. Et septembre a été le meilleur mois jamais vécu : nous avons gagné 19.500 nouveaux clients résidentiels.” Il faut dire que la campagne lancée par le fédéral (Osez comparer !) a eu le mérite de secouer un consommateur belge endormi.

Outre le détail de ses nouvelles offres, Eni doit encore trancher deux questions en suspens, héritages de la période Vattenfall. En 2010, Nuon s’était retiré du marché résidentiel bruxellois, écoeuré par une législation jugée trop restrictive. Eni y reviendra-t-il ? “L’analyse est en cours, cela devrait être une question de semaines.” Même prudence quant à l’érection d’une nouvelle turbine gaz-vapeur de 450 MW à Manage. Investira, investira pas ? Là, c’est le gouvernement qui est attendu : le plan d’équipement pondu par Melchior Wathelet doit encore préciser quel mécanisme permettra de garantir une rentabilité minimale aux nouveaux investissements dans le gaz.

Benoît Mathieu

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