DiaSense Pharma, une entreprise qui a du flair

Jean-Marie Delwart © Belga

Avec la création de DiaSense Pharma, ChemCom se lance sur un terrain encore inexploité de la pharmacologie, mais très prometteur: l’olfaction. Un domaine dont elle maîtrise nombre de clés avec lesquelles elle entend bien s’ouvrir de nouveaux marchés.

Parmi nos cinq sens, l’odorat n’est pas nécessairement celui qui est le plus prisé. Il est vrai qu’en comparaison de nombre de représentants du monde animal, notamment le chien et le cochon, nous faisons plutôt pâle figure. Dans la nature, les exemples abondent d’animaux qui utilisent l’odorat comme les saumons pour retourner pondre dans leur rivière d’origine ou les papillons pour attirer, avec l’émission de phéromones, un partenaire sexuel. Au fil de l’évolution, il semble même que nos capacités en la matière ont considérablement régressé. Pour autant, notre nez ne manque pas d’intérêt et de récepteurs olfactifs que l’on a d’ailleurs retrouvés dans d’autres organes comme le foie, par exemple.

Une expertise unique

S’il l’odorat n’est pas le sens le plus étudié, il n’en est pour autant dédaigné. Lancée en 2000, la société ChemCom, filiale de la Floridienne et société mère de DiaSense Pharma, se penche depuis de longues années sur le nez humain et son fonctionnement. Plus précisément sur les récepteurs olfactifs dont la connaissance a fortement progressé depuis la découverte en 1991 de la famille de gènes qui les codent par les chercheurs américains Richard Axel et Linda Buck (prix Nobel de médecine 2004). “Dans ce domaine, nous sommes actuellement les plus avancés dans le monde, confie Jean-Marie Delwart, président de ChemCom. Et il n’existe pas à ma connaissance de société comparable à celle que nous créons avec DiaSense Pharma. Celle-ci sera dédiée à la conception de médicaments qui agiront sur ces récepteurs olfactifs. Les pathologies où ils pourront être utilisés sont, par exemple, l’obésité, le diabète ou la cancérologie.”

Les perspectives sont prometteuses quant à l’exploitation du potentiel de ces récepteurs. Jusqu’à présent, la recherche s’était surtout concentrée sur le lieu privilégié de l’olfaction – le nez – mais il apparaît de plus en plus que les récepteurs olfactifs localisés dans d’autres organes, et que l’on nomme ectopiques, jouent un rôle de biosenseurs dans le corps humain et participent à différents phénomènes physiologiques. Ainsi plusieurs récepteurs olfactifs sont exprimés au niveau du spermatozoïde et interviendraient dans la reproduction. Des résultats de recherche ont également montré qu’un récepteur olfactif au niveau du rein est impliqué dans la pression sanguine. Selon ChemCom, “ces récepteurs ectopiques représentent donc une nouvelle famille de cibles pharmaceutiques potentielles importantes et encore non exploitées” et qu’elle entend bien développer avec sa nouvelle filiale.

Levée de fonds

Basée, comme sa société-mère, à Anderlecht, plus précisément sur le campus universitaire d’Erasme, DiaSense Pharma pourra bénéficier de l’expertise des chercheurs de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie Humaine et Moléculaire (IRIBHM). Elle pourra également s’appuyer sur la base de données accumulées depuis 17 ans par ChemCom. Les avancées scientifiques de cette dernière, notamment en matière d’identification des récepteurs olfactifs fonctionnels, sont protégées par des brevets internationaux et proviennent d’une plate-forme technologique, elle-même protégée par une licence mondiale exclusive d’un brevet issu de Duke University qui court jusqu’en 2025. En vue d’assurer le développement de cette nouvelle filiale, une levée de fonds, comprise entre 3,5 et 10 millions d’euros, sera lancée durant le premier semestre 2018.

Guy Van den Noortgate

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