Carrefour et Dia : “Un formidable marché de dupes !”

Les actionnaires de Carrefour ont finalement approuvé sans remous l’entrée en Bourse de Dia, la filiale hard-discount du groupe de distribution. Une décision refusée par les syndicats, qui ont manifesté à Paris.

Les actionnaires de Carrefour approuvent l’entrée en Bourse de Dia…

Les actionnaires de Carrefour ont finalement approuvé sans remous, mardi, l’entrée en Bourse de Dia, la filiale hard-discount du groupe de distribution, a annoncé ce dernier.

Dia, qui sera donc coté à Madrid à partir du 5 juillet, a enregistré un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’euros en 2010. L’enseigne compte 6.400 magasins dans sept pays et emploie quelque 45.000 salariés.

Les syndicats, tant français qu’européens, se sont opposés à cette opération, organisant même une “action d’ampleur” avant le début de l’assemblée générale à Paris (lire ci-dessous). Ils dénoncent notamment un projet “purement financier” qui, en “l’absence de tout volet social”, ne comporte “aucune garantie pour les droits des salariés”. Les syndicats ont par ailleurs demandé la démission du conseil d’administration.

Une délégation de syndicalistes belges participent au mouvement : “Notre présence est symbolique, a indiqué Myriam Delmée (Setca). Nous voulions exprimer notre solidarité, d’autant qu’il pourrait y avoir des incidences en Belgique. La direction est en effet dans un schéma où elle entend de nouveau se séparer d’une partie du groupe, ce qui nous inquiète.”

Dia séparé de Carrefour : “Un formidable marché de dupes !”

Sur le blog “Carrefour, un combat pour la liberté”, Yves Soulabail dénonçait, le 16 juin déjà, un “formidable marché de dupes”. Et le formateur-conseil de livrer plusieurs “raisons de la colère” destinées à expliquer l’opposition manifestée envers cette décision de Carrefour. En voici quelques-unes.

1) Comment peut-on hypothéquer l’avenir de 10.000 salariés français en pleine indifférence ?

“Carrefour prépare la scission de 100 % de Dia par la cotation en Bourse de cette société. Cette branche représente – à elle seule – près de 10 % du chiffre d’affaires de Carrefour et 45.234 salariés à temps complet au 31 décembre 2010 (sur les 470.000 du groupe). Près de 10.000 d’entre eux sont français et perdraient instantanément leur drapeau tricolore.”

2) Comment le grand public peut-il ne pas être informé du mutisme de nos institutions à propos de cette question cruciale de patriotisme industriel ?

“Outre le fait que des milliers de salariés français seront gérés depuis Madrid (loin des yeux…), c’est l’avenir boursier de Carrefour dans sa totalité qui pourrait en être hypothéqué. A force de jouer à l’apprenti sorcier, l’entreprise risque le déluge. Si les marchés financiers estiment que Carrefour cède sa fleur d’oranger ainsi que sa corbeille de mariée avec l’opération, c’est la mariée toute entière qui risquerait d’être ébranlée. Comment la société Carrefour peut-elle envisager dans ces conditions de faire coter à l’étranger une entreprise, et dénationaliser autant d’emplois, sans intervention de l’Etat et sans que la presse ne s’empare immédiatement de la question ?”

3) Comment Carrefour peut-il présenter aux investisseurs un tel plan de progression pour Dia alors qu’il souhaite s’en séparer ?

“Actuellement, l’entreprise possède 6.373 magasins. C’est le 3e opérateur mondial du segment hard-discount sous contrôle français. Avec une prévision de 8.000 unités d’ici à fin 2013, après une période de transition de quelques mois où des activités seront réalisées avec Carrefour, la société Dia sera devenue totalement espagnole et hors de contrôle de Carrefour. Carrefour hypothèque donc ses propres parts de marché en France comme à l’étranger face à ce concurrent créé de toutes pièces. Lars Olofsson (Ndlr, patron de Carrefour) est, il est vrai, coutumier du fait, présentait déjà à la presse 19 % de croissance du chiffre d’affaires pour Carrefour lors de la réinvention de l’hypermarché ! On a vu les résultats. Par ailleurs, si l’avenir de Dia peut s’envisager comme aussi prospère, à les entendre, pourquoi Carrefour envisagerait de céder une telle pépite ?”

Trends.be

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