Avec 200 projets d’investissement étrangers en 2016, la Belgique est faiblement attractive
L’an dernier, la Belgique a attiré 200 projets d’investissement étrangers, soit une baisse de 5% par rapport à l’année record de 2015.
Le résultat est néanmoins le deuxième meilleur enregistré en 10 ans mais le taux d’attractivité du pays est encore faible puisque seuls 26% des dirigeants sondés pensent que le climat d’investissement évoluera de manière positive dans les trois prochaines années, ressort-il de la dernière édition du baromètre de l’attractivité belge élaboré par le bureau de consultance EY (Ernst&Young).
La Belgique se place au huitième rang du classement des pays européens les plus attrayants (derrière l’Allemagne, la France ou encore les Pays-Bas) et en bas de classement (18e) en termes de créations d’emplois, avec 3.309 nouveaux postes créés grâce à des projets d’investissement étrangers, en légère augmentation (+4%) toutefois par rapport à l’an dernier.
Si peu d’entreprises (13%) ont l’intention de lancer ou d’étendre des activités en Belgique l’année prochaine, seuls 2% des dirigeants de sociétés souhaitent retirer leurs activités de la Belgique, soit le nombre le plus faible enregistré depuis le lancement de l’étude de perception en 2005. “C’est surtout la diminution de l’intérêt des entreprises américaines pour la Belgique qui est inquiétante.
Si on ajoute la fermeture récente de plusieurs filiales importantes en Belgique (Ford, Caterpillar), cela signifie qu’à l’avenir, nous allons davantage devoir compter sur notre propre entrepreneuriat”, a expliqué Leo Sleuwaegen, professeur de stratégie commerciale internationale à la KULeuven. “Par contre, cette diminution est compensée par d’autres pays qui ont plus d’intérêt d’investir chez nous, comme par exemple les Français qui ont quasiment compensé la diminution des entreprises américaines”, a précisé Marie-Laure Moreau, responsable régionale chez EY. Pour expliquer les faibles résultats du royaume, le bureau de consultance pointe la pression fiscale élevée pour les entreprises, la capacité d’innovation limitée, les charges salariales importantes ou encore les problèmes de mobilité.
Forte pression fiscale
La pression fiscale reste ainsi un des principaux soucis pour les investisseurs étrangers. Pas moins de 46% des chefs d’entreprise interrogés estiment que la réduction du taux d’impôt nominal des sociétés (de 33,99% actuellement, soit le plus élevé d’Europe) constitue la première priorité pour accroître la compétitivité en Belgique. “Cette situation empêche non seulement des investisseurs de continuer à opter pour la Belgique, mais elle entraîne également une tendance au cours des deux dernières années de déplacement d’activités stratégiques de la Belgique vers des pays comme la Suisse, l’Irlande…”, a relevé Herwig Joosten, responsable du département fiscalité internationale chez EY. “Beaucoup d’artifices existent en Belgique et, dans la pratique, certaines entreprises arrivent à faire baisser l’impôt réel en arrivant à des taux effectifs comparables aux pays voisins grâce aux incitants mais c’est le taux nominal que les investisseurs regardent. Il faut aussi réduire la complexité pour obtenir des subventions”, a encore souligné Marie-laure Moreau.
La Flandre reste la région la plus attrayante de Belgique: quatre entrepreneurs interrogés sur 10 estiment que le territoire du nord est plus intéressant pour les investissements. Toutefois, la région séduit surtout les investisseurs déjà actifs dans le Belgique; Bruxelles est ainsi favorite pour une majorité des entreprises qui n’ont pas d’activités dans le pays. Plus de la moitié (105 pour 1.804 emplois) des projets d’investissement ont eu lieu en Flandre, contre 47 (pour 660 emplois) pour Bruxelles et 48 (pour 845 emplois) en Wallonie. Bruxelles (8e) se maintient par ailleurs dans le top 10 européen des villes les plus attrayantes, Londres, Paris et Berlin occupant le podium. Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est de loin le premier cité (38%) comme déterminant pour la croissance économique de la Belgique dans les années à venir. Suivent l’industrie pharmaceutique et la biotechnologie (27%) ainsi que la logistique et la distribution (24%).