L’entreprenariat chute lourdement en Wallonie

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L’entreprenariat stagne dans la capitale mais chute lourdement en Wallonie, avec -11,2% au premier semestre, selon la nouvelle enquête du cabinet d’études économiques Graydon, dont fait écho Le Soir lundi. Pour le ministre-président wallon Paul Magnette, la culture entrepreneuriale n’est pas encore suffisamment répandue en Wallonie.

.Avec 5.531 entreprises créées au cours du premier semestre 2014, l’entreprenariat reste relativement stable à Bruxelles (+0,31%). Ces résultats constrastent avec ceux enregistrés en Flandre, où 20.248 PME ont démarré entre janvier et juin de cette année, soit +2,14% par rapport à la même période en 2013.

En Wallonie, les chiffres sont plus inquiétants. Le nombre d’entreprises y est en net recul: 9.859 start-up sont nées au cours des six premiers mois de l’année, soit 11,2% de moins qu’au même semestre de 2013. En province de Liège, le recul affiche même -20,6%. A l’échelle du pays, 36.882 entreprises ont été créées au cours du semestre écoulé, ce qui constitue un recul de 2,91%.

Interrogé sur La Première (RTBF), le ministre-président wallon Paul Magnette n’a pas nié un “ralentissement” de la création d’entreprises en Wallonie, mais il l’a mis en perspective: “on fait la comparaison avec la période 2010-2012, de bonnes années dans lesquelles les chiffres wallons étaient relativement meilleurs que ceux des autres régions”, a-t-il relevé.

Plutôt que de “se lamenter”, il a invité à examiner les causes de ce ralentissement pour faire en sorte que les années suivantes renouent avec un taux de création d’emploi et d’entreprise beaucoup plus élevé.

A ses yeux, il existe en Wallonie une tentation à “la lamentation et l’auto-flagellation”. “Le drame de la Wallonie et souvent des Wallons, c’est de regarder le bout de ses talons en disant ‘les choses ne vont pas bien’, pleurnicher sur son sort. C’est un élément culturel très important. C’est frappant de voir qu’on est dans une région où de jeunes entrepreneurs se lancent, mais ce réflexe n’est pas encore suffisamment répandu”, a commenté M. Magnette (PS).

Il a mis en évidence le lien avec les universités, leur implication dans les entreprises de pointe, mais aussi les questions de proximité avec les infrastructures de développement. “Il faut continuer à amplifier ces choix stratégiques qui sont au coeur du Plan Marshall, pour que l’économie wallonne continue de connaître la relance”.

Faible pouvoir d’achat

L’importante diminution des créations d’entreprises à Liège s’expliquerait en partie par le grand nombre de fermetures enregistré ces derniers mois, dont celle d’ArcelorMittal, ainsi que par le pouvoir d’achat plus faible, selon Didier Van Caillie, professeur en stratégie des entreprises à HEC-ULg.

Avec un recul de 20,6% enregistré au cours des six premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2013, la Province de Liège est plus touchée que ses voisines par la diminution du nombre de création d’entreprises, alors que la baisse en Wallonie s’élève à -11,2%, comme l’a révélé une étude Graydon publiée dans Le Soir lundi.

Des statistiques “très inquiétantes”, selon le professeur Didier Van Caillie, qui souligne une “frilosité des entrepreneurs” ne sachant comment se positionner face à un avenir économique encore flou.

“Les chiffres sont encore plus inquiétants dans l’arrondissement de Liège”, ajoute le professeur en stratégie des entreprises. “C’est sans doute la conséquence des nombreuses fermetures provoquées par la crise. Quant aux mesures de soutien promises à la suite de la fermeture de la phase à chaud d’ArcelorMittal, elles tardent à se mettre en place. Cela peut repousser toute une série d’activités qui auraient pu naître”.

Selon Didier Van Caillie, la région liégeoise paie “au prix fort” son manque d’attractivité économique. “Les entrepreneurs préfèrent se lancer dans une province moins sinistrée ou dans d’autres pays. Ceux des cantons de l’Est, par exemple, vont plutôt créer leur société au Grand-Duché.”

Le taux de chômage persistant et le pouvoir d’achat déclinant joueraient également un rôle. “Les activités nouvelles sont souvent des entreprises de services, d’horeca, etc., qui ont besoin du pouvoir d’achat local pour se développer”, conclut-il.

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