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C’est le moment d’y croire !

Les prévisions nous créditent cette année d’une croissance qui ne devrait pas dépasser de beaucoup 1 %. Avant même qu’elle ait réellement commencé, beaucoup s’accordent donc à dire que cette année 2014 sera, économiquement parlant, une année “pour rien”. Pourtant, la tonicité de la reprise dépend tout autant de notre comportement que des facteurs externes. “L’économie repart. Mais elle repartirait deux fois plus si l’on y croyait”, disait récemment un économiste français.

L’économie est en effet une science humaine. Elle est tributaire de la psychologie de ses agents : ménages, Etats, chefs d’entreprises, investisseurs. Nous avons parfois tendance à l’oublier tant nous sommes continuellement bombardés d’indicateurs. Mais une bonne dose de confiance en soi peut faire mentir les prévisionnistes.

Et dans le récent entretien qu’il a accordé à notre magazine, le ministre des Finances Koen Geens insistait d’ailleurs sur l’importance de cultiver cet indispensable sentiment de confiance. C’était une adresse destinée, en cette année électorale, aux politiques, afin qu’ils ne plongent pas le pays dans une crise de gouvernement délétère. Mais c’était aussi une invitation à dégeler les investissements et à sortir les projets des cartons. Les moyens sont là : le Belge a reconstitué depuis longtemps le patrimoine qui avait été érodé par la crise. Il ne lui reste plus qu’à s’en servir.

A ce titre, l’exemple américain est à méditer. Ce pays d’où sont venus une partie de nos maux et qui était lui aussi crédité d’une croissance relativement atone voici 12 mois. Or, il s’est remis sur les rails en pratiquant sans états d’âme une politique résolument destinée à rassurer les ménages afin qu’ils recommencent à consommer, et les entreprises afin qu’elles restaurent leur compétitivité, énergétique notamment. Depuis des mois, on doit donc revoir à la hausse les prévisions de l’économie américaine, qui font désormais état d’une croissance de près de 3 % cette année. Ce qui permet à la banque centrale américaine de commencer un retour à une politique monétaire normale, et aux pouvoirs publics américains d’envisager (relativement) sereinement des solutions pour résoudre leurs problèmes de finances publiques.

En Europe, tout est toujours beaucoup plus compliqué. Certes, il reste des incendies à éteindre. Mais l’Union a également réalisé de solides progrès. Il y a un an, alors que la crise chypriote éclatait, nous nous posions encore des questions existentielles sur la pérennité de l’euro. Aujourd’hui, presque plus aucune voix ne se risque à mettre l’Union monétaire en question. Les pays fragiles se redressent. L’Espagne affiche ces jours-ci un taux d’intérêt qui n’a jamais été aussi bas depuis trois ans et demi. Et le principal centre financier européen, la City londonienne, s’inquiète désormais des conséquences d’un référendum britannique qui pourrait lui faire perdre son badge d’accès privilégié au marché des capitaux en euros.

Dans ce jeu, notre pays a beaucoup d’atouts en main. Pays traditionnellement ouvert, la Belgique devrait profiter de la dynamique retrouvée des économies américaine et britannique, et de la solidité de l’économie allemande. La France et les Pays-Bas, nos deux autres grands partenaires commerciaux traditionnels, sont moins fringants. Mais avec une croissance doublée, ils disposeraient des marges suffisantes pour résoudre leurs problèmes structurels.

Churchill, qui s’était constitué une solide expérience de gestion de crise, définissait le pessimiste comme “quelqu’un qui voit la difficulté dans chaque opportunité, alors qu’un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté”. S’il y a un voeu à formuler, c’est d’entamer cette année 2014 avec cette dose d’optimisme réaliste qui caractérisait le vieux lion britannique. Voici cinq ans, la crise frappait à nos portes. Nous en sortons aujourd’hui. Des opportunités se dessinent. Préparons-nous à les saisir.

Pierre-Henri Thomas

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