Les monnaies locales fleurissent en Wallonie

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La monnaie locale semble avoir le vent en poupe en Wallonie. Dans le sud du pays, le phénomène est né il y a moins de cinq ans. De plus en plus de communes pensent à utiliser cette monnaie complémentaire. Dans certaines villes, elle est déjà en circulation, dans d’autres, elle en est au stade de projet.

“L’épi lorrain fonctionne dans la province du Luxembourg depuis quelques années. Le valeureux est présent à Liège depuis l’année passée. A Mons, le ropi doit être relancé”, indique Bernard Bayot, directeur de Financité, mouvement citoyen visant à favoriser une finance plus responsable et solidaire. “Des réflexions existent à Tournai et à Namur avec le lum’çon. Vous avez aussi le talent à Ottignies, le volti à Rochefort et le get-it dans le Brabant wallon.”

En Wallonie, une dizaine d’initiatives et de projets en cours existent, dont quatre sont en circulation. “En Flandre, le Res existe depuis une vingtaine d’années à Louvain. Il s’agit d’une monnaie qui s’échange entre PME. Et à Gand, vous avez le Toreke qui fonctionne bien.” Bruxelles n’a pas échappé au phénomène “mais l’iris n’a pas pris. Il avait une visée environnementale. Il n’est plus en circulation”, précise le directeur de Financité. Outre la monnaie locale, les systèmes d’échanges locaux (SEL) sont très présents dans le pays. “C’est une sorte de troc. Par exemple, une heure de jardinage est échangée contre une heure de repassage.”

Plusieurs fonctions peuvent être attribuées à cette monnaie complémentaire: échange, épargne et valorisation locale. Car l’un des objectifs de la monnaie locale est d’encourager la relocalisation et le circuit court. “En aucun cas, elle ne pourra supplanter l’euro. Elle vise à recréer du lien social et à favoriser les petits commerces”, souligne Bernard Bayot. “Mais il faut déterminer les règles de fonctionnement car cette monnaie peut avoir plusieurs finalités. Les initiatives citoyennes sont très importantes. Car c’est assez dur de faire fonctionner une monnaie locale. Il faut beaucoup d’infrastructures et les aides publiques sont assez faibles.”

Financité est présent pour accompagner les citoyens dans cette demande. “Une volonté existe de reprendre les outils économiques. Les citoyens veulent les reconfigurer selon leurs besoins.” Quant au taux de conversion, il doit rester simple. “C’est un pour un et parfois même 0,95 euro pour un”, précise Bernard Bayot.

Au niveau mondial, les monnaies locales ont vu le jour après la crise de 1929. En Suisse, le wir existe depuis plus de 80 ans. Il est utilisé par 40% des PME. Et l’eusko fait la fierté du Pays basque français. “Je n’ai pas de boule de cristal pour prédire l’avenir de ces monnaies. Mais le phénomène prend de l’ampleur”, a conclu le directeur du mouvement citoyen.

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