Le mystère Dexia: pourquoi l’action flambe ?

Les dirigeants de Dexia. © Belga

Mais que se passe-t-il autour de l’action Dexia ? Le titre a bénéficié de 7% de hausse vendredi, 12% lundi, 90% ( !) mardi et ce mercredi, près de 60% supplémentaires avant que le soufflé ne retombe un peu à mi-journée…

L’action valait moins de 5 cents jeudi dernier. Elle s’affichait un moment ce mercredi matin à plus de 18 cents… Une sacrée flambée, et dans des volumes impressionnants : ces quatre derniers jours, c’est près de 900 millions de titres qui ont été échangés (400 millions pour la seule journée folle de mardi), alors qu’il y a un peu moins de 2 milliards de titres susceptibles d’être échangés. Certes, il existe une bonne trentaine de milliards d’actions Dexia, mais la plus grande partie sont des actions nouvelles, créées en octobre 2012 lors du second sauvetage du groupe, actions qui sont détenues par la Belgique et la France et qui ne sont pas échangeables en Bourse.

Y aurait-il une information cachée ? Apparemment pas. “Les événements de ces derniers jours ne sont pas passés inaperçus chez nous, réagit Jim Lannoo, le porte-parole de la FSMA, le gendarme des marchés, mais il n’y a pas de raison de suspendre le cours, ajoute-t-il. Toutes les informations relatives à Dexia sont dans le marché.”

Fondamentalement, en effet, on sait depuis plus de deux ans que l’action Dexia historique ne vaut plus rien. Lors de la deuxième recapitalisation du groupe par la France et la Belgique en 2012, les anciens actionnaires de Dexia “ont quasiment été expropriés”, note Marc Tinant, administrateur du groupe Arco, un des principaux actionnaires historiques de Dexia. Non seulement ces anciens actionnaires ont été dilués (il existe maintenant, toutes catégories d’actions confondues, 31 milliards de titres), mais la petite trentaine de milliards d’actions nouvelles qui ont été émises par les Etats en 2012 absorberont tous les gains futurs et à venir du groupe : ces actions sont assorties d’un dividende privilégié qui doit leur procurer un rendement de 8% par an, rétroactif si une année Dexia n’a pu verser de dividende. Et si les Etats-actionnaires ne font pas appel à ce droit au dividende, ils se partageront le boni de liquidation du groupe.

Vraisemblablement, une spéculation d’ordinateur

Deux hypothèses alors pourraient expliquer le rebond. La première est que certains estimeraient que Dexia, malgré un dossier délicat en Autriche (sur lequel le groupe a une exposition d’un peu moins de 400 millions d’euros), est sur la bonne voie, et qu’au final, le groupe pourrait valoir une bonne dizaine de milliards d’euros. “On pourrait s’en apercevoir lorsque Dexia commencera à publier des résultats positifs peut-être dès 2016”, dit Marc Tinant. Certains petits actionnaires, comme ceux de Fortis en son temps, pourraient essayer d’intenter une procédure contre les Etat en disant qu’ils ont été expropriés. Mais cette hypothèse est très… hypothétique.

Mais le plus probable est sans doute le déclenchement d’ordres d’achats automatiques, provoqué par la mise en place d’un algorithme. Un programme informatique, qui ne se soucie pas des fondamentaux de Dexia, et qui aurait jeté son dévolu sur le titre pendant quelques jours pour faire monter les cours et en profiter….. Le volume s’expliquerait par des prêts de titres : les banques qui ont en dépôt les titres Dexia des actionnaires peuvent les prêter pendant quelques heures ou quelques jours moyennant rémunération.

Cette flambée sur Dexia serait donc purement spéculative. Quoiqu’il en soi, il s’agit d’une spéculation très dangereuse. Car la nature d’un soufflé est de retomber toujours, un jour ou l’autre.

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