Boom confirmé des matières premières

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Après avoir été pendant longtemps des parias boursiers, les fonds exposés sur les ressources naturelles ont connu une véritable renaissance ces derniers mois.

Le secteur des matières premières a longtemps été un vilain petit canard boursier. En 2018, la performance annualisée sur cinq ans des principaux fonds exposés sur les producteurs de ressources naturelles était inférieure à 1%. Le même exercice en 2024 donne désormais une performance annualisée supérieure à 10% durant les cinq dernières années. Les causes de ce rebond sont nombreuses, mais doivent être décortiquées en fonction des différents segments composant cette classe de fonds.

Expositions diverses

Les fonds étiquetés “ressources naturelles” sont composés de trois grands sous-secteurs aux dynamiques différentes, pour lesquelles il est utile de regarder les évolutions des cours pour les matières premières sous-jacentes.

1. Tout d’abord, le secteur de l’énergie a subi une correction lors du déclenchement de la crise sanitaire, avant de se reprendre fortement avec la réouverture des économies et de la crise en Ukraine. Depuis deux ans, le baril de Brent oscille toutefois entre 80 et 100 dollars, sans trouver de réelle orientation à la hausse ou à la baisse en dépit de nouvelles souvent alarmantes en provenance du Proche-Orient. La bonne performance des fonds énergie s’explique en partie par le niveau élevé des dividendes, qui ont impacté favorablement la performance des parts de capitalisation.

2. Les producteurs d’or et de métaux précieux ont été soutenus par les tensions géopolitiques. L’or a également été très recherché par plusieurs banques centrales émergentes, qui ont l’ambition de réduire leur dépendance face au dollar. Le cours de l’once d’or a plus que doublé durant les cinq dernières années, et s’est récemment approché de la barre des 2.500 dollars. Dans le même temps, la hausse de l’argent a été tout aussi explosive (notamment en provenance des producteurs de panneaux photovoltaïques), tandis que le palladium ou le platine sont restés en retrait.

3. Enfin, le secteur minier a connu des évolutions très diversifiées, avec des performances qui ont été très soutenues pour les métaux fortement recherchés dans le cadre de la transition énergétique (cuivre, nickel, cobalt, manganèse, etc.) tandis que les autres segments (zinc, plomb, aluminium) ont été moins explosif. Dans l’ensemble, les prix d’un grand nombre de matières premières ont été orientés à la hausse ces dernières années.

Transition énergétique

Dans notre tableau, nous avons repris une sélection des meilleurs fonds investis dans les producteurs de ressources naturelles, auquel nous avons ajouté trois fonds spécialisés sur les métaux précieux et deux sur les producteurs de pétrole. En tête du classement, le fonds Ninety One GF – Global Natural Resources affiche de loin les meilleures performances historiques, avec une approche diversifiée entre les trois grandes catégories de ressources naturelles.

Georges Cheveley, gestionnaire principal du fonds depuis 2008, estime qu’il existe de nombreuses raisons d’avoir une exposition sur les ressources naturelles. “Tout d’abord, les groupes miniers ont un rôle à jouer dans la transition énergétique, avec une demande structurelle importante pour certains métaux (ndlr: cuivre) tandis que les investissements pour augmenter la production restent largement insuffisants. En outre, cette opportunité de croissance structurelle se produit alors que la plupart des investisseurs ont déserté le secteur durant la dernière décennie.”

Indépendance monétaire

En deuxième place, nous trouvons le fonds R-co Thematic Gold Mining, géré par le tandem composé de Charles-Edouard Bibault et Yoann Ignatiew, soit la même équipe qui pilote le très populaire fonds flexible R-co Valor qui doit une grande partie de son succès à sa capacité d’investir habilement sur le secteur des mines d’or.

“La forte performance du cours de l’once d’or contraste fortement avec la performance décevante des mines d’or”, souligne Charles-Edouard Bibault, gestionnaire du fonds.

“Ces dernières années, les coûts d’extraction de l’or ont en effet augmenté rapidement en raison de la hausse des prix de l’énergie et des coûts salariaux, ce qui a fait pression sur les marges. Cette tendance est toutefois en train de se normaliser, et les mines d’or devraient désormais rattraper une partie de leur retard.”

Exposition métallique

La troisième place du classement est occupée par le fonds BlackRock BGF World Mining Fund, un fonds piloté par le très expérimenté Evy Hambro. Il présente la particularité d’être quasi totalement absent du secteur de l’énergie, avec une exposition uniquement sur les métaux précieux et industriels. Il s’agit également (de loin) du plus gros fonds exposé sur les ressources naturelles de notre échantillon.

“De nombreux investisseurs sont restés à l’écart de ce segment durant les dernières années, notamment en raison de la situation économique difficile en Chine qui a pesé sur la demande de métaux. Ces derniers mois, les investisseurs ont toutefois commencé à prendre conscience des fondamentaux favorables pour un grand nombre de segments, avec un écart parfois très étroit entre la demande et l’offre. Et comme la Chine semble être aujourd’hui dans un meilleur contexte économique, c’est une bonne nouvelle pour nous.”

Attrait diversifié

Parmi les autres arguments qui plaident en faveur des ressources naturelles à l’heure actuelle, on peut citer un comportement souvent positif dans les périodes d’inflation persistante, des bilans sains susceptibles de rémunérer les actionnaires et un comportement boursier relativement indépendant du style croissance qui constitue donc une bonne source de diversification dans un portefeuille.

“Et lorsqu’on regarde les valorisations des producteurs de ressources naturelles, elles restent encore très largement en dessous de leurs moyennes historiques en dépit du mouvement haussier de ces dernières semaines, souligne encore Evy Hambro (BlackRock). Il reste donc encore un potentiel certain de rattrapage.”

Pour George Cheveley (Ninety One), il est “préférable d’utiliser un fonds qui peut investir largement sur le secteur des ressources naturelles, car les gestionnaires seront en mesure de saisir les opportunités qui peuvent se présenter et d’allouer dynamiquement les encours entre les différents sous-secteurs”.

Des nouveaux venus
Le renouveau du secteur des ressources naturelles se marque également par les lancements de nouveaux produits ces derniers mois. Fidelity International a ainsi lancé en décembre 2023 Fidelity Funds – Transition Materials, qui vise une exposition sur les producteurs de métaux dont la demande va être boostée par la transition énergétique. Tandis que DNCA Finance vient pour sa part de lancer DNCA Invest Strategic Resources, qui va s’exposer sur les prix des métaux au travers de produits dérivés en gérant activement l’allocation entre métaux industriels et précieux.

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