Fonte des marges bénéficiaires de Tesla

© Getty Images

Elon Musk estime que Tesla doit être valorisée comme une entreprise technologique : elle recourt à l’IA et à la robotique. Mais les investisseurs voient surtout que ses marges et CA ont baissé. L’action a perdu 30 % de sa valeur déjà depuis janvier. Et sa valorisation est toujours excessive à nos yeux.

L’envolée de l’action de Tesla s’est interrompue, ce qui s’explique en premier lieu par la contraction de ses marges bénéficiaires. Il y a quelques années, le constructeur américain avait décidé de miser sur la croissance des volumes – un choix qui se justifiait, stratégiquement, par la forte croissance des véhicules électriques. Depuis, l’essor a ralenti et la concurrence s’est intensifiée. En Asie, notamment, le plus important débouché de Tesla, d’autres constructeurs misent davantage sur l’hybride. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt a accru les coûts du leasing et du financement.

Au premier trimestre, le chiffre d’affaires (CA) de Tesla a chuté de 8,5 % sur un an, à 21,3 milliards de dollars, manquant les attentes de près de 1 milliard de dollars. La production (433.000 véhicules) a reculé de 2 % et les livraisons, de 8 % en raison d’une mise à niveau de la Model 3 et de la mise à l’arrêt imprévue de l’usine de Berlin.

Pour maintenir sa part de marché, Tesla a rogné sur les prix au détriment de ses marges. La marge brute est tombée à 17,3 % (16,5 % attendus), un niveau plus atteint depuis quatre ans (19,3 % l’an dernier). La marge d’exploitation a fondu, de 8,2 % à 5,5 %, entamée aussi par les investissements dans la recherche et le développement et l’augmentation des capacités.

Malgré l’efficacité de ses véhicules, Tesla souffre d’une perception de qualité moindre dans le segment premium ainsi que de l’absence de modèle d’entrée de gamme – à l’inverse du chinois BYD, qui prend la pole position cette année, avec une marge de 21 %. Sur l’immense marché chinois, Tesla ne possède qu’un modèle dans le Top 10 et doit rivaliser avec des acteurs locaux tels que Nio, XPeng et Li Auto. Elon Musk, le CEO, envisage de lancer un modèle à 25.000 dollars dès le deuxième semestre de 2025, qui serait construit au Texas, puis au Mexique. Cela fait toutefois 10 ans que Tesla promet un véhicule bon marché, qui n’a toujours pas vu le jour – et qui mettrait encore plus sous pression les marges bénéficiaires.

Elon Musk entend également licencier au moins 10 % des effectifs. Certains actionnaires institutionnels (dont le fonds souverain norvégien) estiment que la rémunération du CEO (56 milliards de dollars) est excessive et entendent la réexaminer lors de la prochaine assemblée générale. Tesla mise sur l’intelligence artificielle (IA) pour faire baisser les coûts de production et sur la conduite autonome pour accroître les marges bénéficiaires.

Le résultat net du trimestre s’établit à 1,1 milliard de dollars, en recul de 55 % sur un an. Le bénéfice par action a chuté à 0,45 dollar (0,5 dollar attendu, 0,85 dollar un an plus tôt). Le cash-flow disponible est négatif (-2,53 milliards de dollars) mais Tesla dispose encore de 26,9 milliards de dollars de liquidités, pour une dette de près de 10 milliards de dollars.

Les dépenses d’investissement vont toutefois temporairement diminuer du fait du report de la construction de la nouvelle usine au Mexique, bien que les permis aient été octroyés. Il faut dire que Tesla n’a pas besoin de capacités supplémentaires pour l’instant.

Conclusion

La croissance future repose sur les nouveaux modèles et la conduite autonome, au sujet desquels planent des doutes. La valorisation, à plus de 60 fois les bénéfices attendus, nous paraît donc excessive.

Conseil : vendre

Risque : élevé

Rating : 3C

Cours : 173,79 dollars

Ticker : TSLA US

Code ISIN : US88160R1014

Marché : NYSE

Capit. boursière : 566 milliards USD

C/B 2023 : 56

C/B attendu 2024 : 68

Perf. cours sur 12 mois : -31%

Perf. cours depuis le 01/01 : -30 %

Rendement du dividende : –

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