L’électricité à Taïwan, une épine dans le pied du marché mondial de semi-conducteurs

La production de semi-conducteurs. (Photo by Klaus-Dietmar Gabbert/picture alliance via Getty Images) © Getty Images

Une grande partie de la production mondiale de semi-conducteurs se fait à Taïwan. Mais l’île connaît des problèmes d’approvisionnement en énergie, comme des pénuries d’électricité. Elles pourraient s’intensifier à l’avenir, et causer des maux de tête dans tout le secteur en aval : la production d’appareils électroniques.

On s’en souvient: un couac dans la chaine d’approvisionnement (dans ce cas, les confinements et mesures sanitaires de l’époque de la pandémie) des puces électroniques et des semi-conducteurs, et tout ce qui est production d’appareils électroniques, de lave-vaisselles jusqu’aux voitures, en passant par les smartphones, est soudainement bouché.

Taïwan, notamment, est un hot spot de production de ces puces. Le numéro un mondial, TSMC (Taiwan Semi-conductor Manufacturing Company) se trouve par exemple sur l’île. Mais Taïwan a un problème : sa situation énergétique. Le pays doit importer la quasi-totalité (97%) de ses besoins (gaz et charbon), et le réseau vieillissant et les centrales n’arrivent pas toujours à suivre la demande. Qui fait qu’il peut régulièrement y avoir des coupures de courant, plus ou moins importantes. Soit une double vulnérabilité.

Risque pour le secteur

Voilà un risque pour le secteur des puces. La production est très gourmande en électricité. Et avec la nouvelle demande de puces créée par l’IA, la demande en énergie ne va qu’augmenter. “Les inquiétudes concernant les pénuries potentielles d’électricité et la détérioration de la qualité et de la fiabilité de l’électricité pourraient poser des risques opérationnels pour l’industrie des semi-conducteurs”, explique Chen Jong-Shun de la Chung-Hua Institution for Economic Research à CNBC.

“Si Taïwan est contraint de rationner l’électricité plus fréquemment à l’avenir en raison d’un approvisionnement limité, ses entreprises de semi-conducteurs en souffriront”, ajoute aussi Joseph Webster, du Global Energy Center de l’Atlantic Council (un think tank). “La pénurie d’électricité à Taïwan pourrait perturber les marchés mondiaux des semi-conducteurs.”

Le monde ne serait donc pas à l’abri de nouvelles crises sur les chaines d’approvisionnement des puces électroniques, si la disponibilité de l’électricité ne s’améliore pas.

Que faire ?

Un des soucis est que l’électricité serait trop bon marché, ce qui fait que la consommation est élevée et que les consommateurs, privés comme industriels, ne vont pas nécessairement vouloir faire des économies. Mais l’entreprise publique qui fournit l’électricité est continuellement en pertes, comme les prix des matières premières (charbon et gaz) sont en hausse. Ce qui lui enlève des fonds pour investir dans l’infrastructure.

Elle a d’ailleurs récemment augmenté les prix de 15%, pour les clients industriels. Mais c’est un risque aussi pour le secteur des puces… ou plutôt leurs clients. Car TSMC a déjà annoncé qu’elle va reporter la hausse du prix de l’électricité sur ses prix de ventes.

Développer le renouvelable pourrait par exemple être une piste pour produire plus d’électricité et gagner en autonomie. Mais selon les experts, le développement de l’infrastructure énergétique n’est pas si simple. “Taïwan a eu du mal à atteindre ses objectifs en matière d’infrastructure électrique en raison de contraintes du terrain, de politiques trop ambitieuses et rigides, et d’un manque de compréhension et de capacité à faire face aux pénuries d’électricité.”

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