Quel serait le programme économique d’une coalition MR-Engagés en Wallonie ?

Maxime Prévot et Georges-Louis Bouchez - Belga Image
Baptiste Lambert

Il est plus que probable qu’une coalition de centre-droit se forme au sud du pays. L’occasion de nous plonger dans le programme économique des deux partis.

On le sait, les deux partis ont fait d’une réforme fiscale une priorité. Toutefois, cette réforme prendra forme essentiellement au niveau fédéral. Les deux partis francophones devront donc en discuter avec leurs partenaires flamands qui seront sans doute la N-VA, le cd&v et Vooruit, la coalition qui semble se dessiner au nord du pays. Néanmoins, on sait aussi que le MR et les Engagés ont le même objectif : créer un différentiel de 500 euros nets par mois entre les travailleurs et les bénéficiaires d’allocations sociales. Pour tous : salariés, indépendants et fonctionnaires. Il ne devrait pas être trop difficile de convaincre leurs partenaires flamands, même les socialistes de Vooruit.

Cette coalition “Arizona” va également devoir plancher sur une réforme du travail. La limitation des allocations de chômage à deux ans, que le MR et les Engagés appellent de leurs vœux, entre dans ce cadre. Du côté des libéraux, au bout de ces deux années, si le chercheur d’emploi refuse deux emplois ou deux formations pour des métiers en pénurie, il sera sanctionné et renvoyé au CPAS. Et si le demandeur d’emploi persiste dans son refus de se réinsérer, il devra faire des travaux d’intérêt général. Du côté des Engagés, on parle d’un “droit à l’emploi”, mais la finalité est similaire : au bout de deux ans, le demandeur d’emploi se verra proposer “un travail d’utilité publique dans le secteur public ou associatif”. Un emploi rémunéré au salaire minimum du secteur.

La question d’une réforme des pensions, qui n’a pas été la révolution attendue sous la précédente législature, sera également sur la table fédérale. La Wallonie ne peut donc décider seule de ces différentes compétences, mais toutes ces réformes auront bien sûr une influence majeure sur les Wallons et les entreprises wallonnes.

Quels leviers pour la Wallonie ?

Georges-Louis Bouchez a évoqué, en fin de campagne, la régionalisation du payement des allocations de chômage aux Régions, pour les responsabiliser. Dans ce cas de figure, c’est le Forem qui payerait les allocations et plus l’Onem, ce qui donnerait à la Wallonie ses propres leviers sur l’emploi. Mais pour le moment, c’est de la politique fiction. Le président du MR a surtout lancé cette idée pour séduire la N-VA, en vue d’une coalition fédérale, avant que les résultats des élections soient connus. On verra sur quoi cela aboutira, au sein d’une éventuelle réforme de l’État.

Ce qui est par contre une certitude, c’est que le MR et les Engagés devraient être plus favorables aux entreprises. Les deux partis ont fait de la réindustrialisation une priorité, en se basant sur l’héritage industriel de la Wallonie et ses pôles de compétitivité, tout en prônant l’innovation. Au MR, on prône par exemple un cadastre plus performant des terrains disponibles en Wallonie. Pour faciliter leur accès et les investissements. Pour la Wallonie, les libéraux souhaitent aussi étendre leur procédure “Fast Track” à un plus grand nombre de secteurs stratégiques. Cette procédure vise à simplifier la paperasse administrative pour faciliter les investissements et la création d’entreprises. Les Engagés veulent, eux, faciliter l’octroi de permis pour les entreprises qui veulent booster leurs projets d’énergie décarbonée. Enfin, MR et Engagés désirent tous les deux booster les prérogatives de Wallonie-Entreprendre, qui est jugé comme une réelle réussite au sud du pays.

Une attention particulière est aussi portée pour les PME et les indépendants. Pour stimuler l’entrepreneuriat. Le MR veut ramener l’impôt des sociétés à 15% pour les PME et veut porter la déduction pour investissement à 25 % (réforme fiscale). Un autre exemple, côté Engagés : créer un statut de microsociété à responsabilité limitée défiscalisé à 100 % pendant un temps limité en contrepartie d’une première embauche. Maxime Prévot souhaite également “construire un environnement législatif favorable à la création d’entreprise, en simplifiant les démarches administratives pour les jeunes créateurs d’entreprise.” À voir comment cela se matérialise.

Réduction des dépenses

Un autre volet qui peut rassembler le MR et les Engagés est la réduction des dépenses publiques en rationalisant les institutions. Parmi les priorités des Engagés figurait par exemple un “Budget base zéro”. La mesure vise à réduire la masse salariale et les achats de biens et services par la Région wallonne. Le Bureau fédéral du plan a évalué le gain pour les finances à 20 millions d’euros par an. Le MR a lui proposé de réduire les frais de fonctionnement de la Région wallonne de 4 millions d’euros par an et à 20 millions en bout de législature, moins ambitieux, donc, mais les deux partis pourraient s’y retrouver. Il faudra toutefois se montrer bien plus créatif pour sauver le budget wallon.

Ce n’est bien sûr que quelques exemples emblématiques parmi une multitude de propositions qui figurent au sein des programmes des Engagés et du MR. S’ils veulent mener une politique de rupture, au sud du pays, le chantier est gigantesque.

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