Fracture PS / N-VA: le contexte budgétaire fait son entrée dans la campagne électorale

Paul Magnetet et Brt De Wever, l'été 2020. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Un échange surréaliste entre Bart De Wever et Paul Magnette, ainsi qu’une phrase choc de Maxime Prévot (Engagés), mettent l’enjeu budgétaire en avant: oui, il s’agira d’épargner lors de la prochaine législature. N’en déplaise aux nombreuses promesses de raser gratis.

L’échange vaut son pesant d’or, lors de cette campagne électorale parsemée d’incidents, mais relativement morne sur le fond. Réunis par L’Echo et le Tijd, le week-end dernier, Bart De Wever et Paul Magnette confrontent leurs vues qui sont, faut-il le préciser, éloignées les unes des autres.

Soudain, un échange tranche. A politique inchangée, le déficit public s’élèvera à 45 milliards à la fin de la prochaine législature, constatent les journalistes. Bart De Wever lance à Paul Magnette; “Nous proposons un programme d’assainissement, vous proposer un programme fiscal. J’ai fait le calcul: vous voulez introduire 10 milliards d’euros de nouvelles charges.” Le président du PS le regarde, sérieux, et murmure: “Un peu plus…”

“10 à 15 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, dont 70 à 80% seront payés par le nord du pays, s’indigne le président de la N-VA. Et vous prévoyez un tsunami de nouvelles dépenses, alors que le déficit atteint déjà 45 milliards. Croyez-vous vous-mêmes à votre programme?”

Une fracture PS/ N-VA

Cette interpellation restera comme un tournant dans la campagne: “Croyez-vous vous-mêmes à votre programme?”. En Belgique francophone, il est vrai, le PS rivalise avec le PTB, voire Ecolo, pour proposer de nouvelles dépenses sociales.

Cela dit, la N-VA veut frapper fort et couper à la hache dans les dépenses sociales. “En 2013, les dépenses sociales s’élevaient à 100 milliards d’euros, résume De Wever. En 2022, elles étaient à 150 milliards. A politique inchangée, elles s’éleveront à plus de 200 milliards en 2030. Nous ne pouvons plus maintenir des systèmes qui n’existent nulle part ailleurs. Des allocations de chômage qui ne s’arrêtent jamais? Des revenus d’intégration qui augmentent plus vite que les salaires? Une croissance des dépenses de santé qui dépasse de loin celle de l’économie? Des retraites de fonctionnaires extrêmemenbt élevées? Ce n’est pas tenable.”

Paul Magnette répliquera: “On ne va évidemment pas faire d’économies dans les soins de santé avec les socialistes au gouvernement. Jamais La norme de croissance a été mise en place parce que les besoins de la société augmentent, tout comme l’espérance de vie.”

D’ailleurs, cette semaine, les socialistes font du porte-à-porte pour défendre leur programme en Wallonie et à Bruxelles. Paul Magnette défend dans une vidéo “ce qu’on va encore faire si vous nous faites confiance pour relever les salaires, pour renforcer la sécurité sociale, les services publics. Bref, pour continuer le travail du Parti Solide et Solidaire que le Parti socialiste est…”

Les Engagés et “les impôts à en vomir”

Cela dit, cette fracture N-VA/ PS n’est pas forcément une fracture Nord-Sud généralisée. Maxime Prévot, pésident des Engagés, lance à La Libre ce mardi une autre phrase qui restera: “Les Belges croulent sous l’impôt jusqu’à en vomir. L’État devra réaliser des économies.” Il défend aussi, toutefois, son grand plan de réinvestissement dans la santé. Au centre, toute.

Mais le contexte budgétaire fait son entrée en campagne, alors que la libérale Alexia Bertrand, secrétaire d’Etat au budget du gouvernement De Croo, ne cesse pourtant de tirer la sonnette d’alarme: il faudra faire quelque 5 milliards d’euros d’économie chaque année, lors de la prochaine législature. Il est vrai que le week-end dernier, la Banque nationale a donné les chiffres du déficit budgétaire pour 2023: il s’élève à 26 milliards pour les autorités belges et, à ce rythme, c’est loin d’être fini.

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