Bart De Wever (N-VA) ferme la porte au Belang: changement stratégique ?

Bart De Wever. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS © Belga
Baptiste Lambert

Formerez-vous un gouvernement avec le Vlaams Belang ? Depuis le début de la campagne électorale, le président de la N-VA s’était montré volontairement ambigu sur cette question. Face à des primovotants, son message s’est considérablement éclairci.

Encerclé par des primovotants, réunis dans une école, à Hasselt, le président de la N-VA, Bart De Wever, semblé avoir délié sa langue. Plus ouvert et moins dans le contrôle, il a répondu à une question qui revient à mesure des sondages qui paraissent indiquer qu’une majorité est possible, en Flandre, entre la N-VA et le Vlaams Belang.

“Supposons que le Vlaams Belang devienne le plus grand parti, formerez-vous un gouvernement avec llui ?”, demande une élève, lors de l’enregistrement de l’émission “Eerste keus“, qui sera diffusée dimanche sur la VRT.

“Je ne suis d’accord sur pratiquement rien avec ce parti. Je n’aime pas non plus leur style. Si vous me posez la question en tant qu’homme politique : ‘vous sentez-vous lié à ce parti et formeriez-vous un gouvernement avec lui ?’ La réponse est carrément non”, a répondu Bart De Wever.

Flou entretenu

Jusqu’alors, en tout cas dans cette campagne électorale, le président de la N-VA s’était montré volontairement ambigu. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il sait qu’une partie de son électorat n’est pas opposée, par principe, à une alliance avec le Vlaams Belang. La proportion a même glissé vers le 60/40 en faveur d’une majorité nationaliste. Bart De Wever marche sur des oeufs.

Il en est de même au sein de son parti. Jan Jambon, Theo Francken et Jean-Marie Dedecker n’ont jamais fermé la porte, alors que Zuhal Démir est une farouche opposante à cette alliance. Bart De Wever tente donc de ménager la chèvre et le chou. Il l’a d’ailleurs reconnu, et c’est une première, en tout cas en des termes aussi clairs, lors de cette émission de la VRT : “Il s’agit d’une lutte au sein de mon parti, je le reconnais volontiers, a expliqué Bart De Wever. Je comprends que les gens pensent que notre parti a perdu le nord sur ce point. C’est aussi une question très difficile. Les laissons-nous entrer au gouvernement, au moins une fois, ou ne le ferons-nous en aucun cas ? C’est une question qui nous préoccupe”.

Changement stratégique ?

Quelle mouche a piqué Bart De Wever ? Interloqué, le journaliste de la rue de la Loi, Pieterjan De Smedt (VRT), s’est lui-même dit surpris par la réponse du chef des nationalistes. Mais l’analyste met en avant le contexte de l’émission, qui a peut-être éclairé le fond de la pensée de Bart De Wever, qui n’est un secret pour personne : le bourgmestre d’Anvers ne s’est jamais montré favorable à une telle alliance et nourrit une animosité personnelle contre le leadeur du Vlaams Belang, Tom Van Grieken.

Politiquement, une alliance avec l’extrême droite flamande bloquerait l’accès de la N-VA à l’échelon fédéral. Les francophones ne le laisseraient pas passer et Bart De Wever le sait bien. À contrario, ce dernier aurait pu brandir la menace d’une telle alliance pour peser sur les négociations fédérales. Cette carte ne semble plus être dans la main de Bart De Wever.

Le retour du vote utile

En fait, Bart De Wever en revient à sa bonne vieille stratégie du vote utile, usitée à maintes reprises lors des précédentes campagnes électorales. En d’autres mots, une voix au Vlaams Belang est une voix perdue, dans la mesure où le VB n’entrera dans aucun exécutif. À voir si cette stratégie peut fonctionner avec un Vlaams Belang à plus de 25% et des électeurs flamands très remontés contre les partis au pouvoir.

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